Ancien ambassadeur, l'auteur analyse deux revues (Hérodote et Questions internationales) qui ont consacré un numéro respectivement aux États-Unis post-Trump et à l'Amérique latine.
Parmi les revues – États-Unis, Amérique latine, deux destins divergents ? (T 1421)
Dans la conjoncture actuelle, marquée essentiellement par la guerre en Ukraine et la tension croissante autour du golfe de Taïwan, dresser le bilan – provisoire – de l’Amérique post-Trump, comme le fait le numéro 184-185 d’Hérodote, s’avère nécessaire. Une bonne partie de ce numéro est consacrée à la politique intérieure, aux tensions sociales, à la violence, ainsi qu’à l’attitude de l’Administration Biden (comme de la Californie) face au changement climatique. Ces thèmes n’intéressent pas tous les lecteurs, mais il est important d’en prendre connaissance, pour éclairer la situation géopolitique mondiale. Car si Vladimir Poutine a décidé d’entrer en guerre contre l’Ukraine, comme il l’a fait contre toute attente, c’est bien sûr en raison du départ calamiteux des GI’s de Kaboul, y voyant outre la manifestation d’une faiblesse, une volonté de Washington de ne plus s’engager sur des théâtres extérieurs, quels qu’ils soient.
Cependant, c’est aussi en raison de ce que lui et son cercle rapproché – parmi lesquels figure en première place Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité de Russsie depuis 2008 – percevaient comme la décadence des États-Unis, tiraillée qu’elle était à leurs yeux par de profondes déchirures raciales, d’une société en somme déchirée, mettant aux prises Républicains et Démocrates, comme jamais auparavant. Autre trait qui n’a pas échappé aux analystes russes, le fait que la liberté d’expression était mise au service de l’alt-right, leur renvoyait leur image en miroir. De même, la réponse des États-Unis à la pandémie de la Covid-19 s’est révélée être un test d’autorité et de géopolitique au XXIe siècle, ce pays ayant été proportionnellement le plus touché.
Ce long volet politique et sociétal achevé, une série d’articles fait le point de questions clefs, sachant que la question ukrainienne, compte tenu des délais de publication, n’a pu être abordée qu’en incidence. Le premier, porte sur The Long Goodbye, c’est-à-dire le long désengagement états-unien du Moyen-Orient. Cette zone où l’élite militaire américaine, comme le général Petraeus, s’est impliquée durant deux décennies fut, on le sait, essentiellement une lutte antiterroriste et de nation building, ce qui a détourné les forces américaines des guerres de haute intensité. Reste la question nucléaire iranienne, irrésolue à ce jour, devenue, elle aussi, otage de la guerre ukrainienne.
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