L'auteur relève dans l'histoire depuis la guerre de 1870 une constante de la règle des « 100 jours » dans les conflits de haute intensité.
La guerre de haute intensité et la règle des 100 jours (T 1430)
Il est toujours stimulant de mettre en perspective une guerre donnée avec celles qui l’ont précédée. C’est l’exercice auquel cet article propose de se plier, alors qu’en Ukraine, les engagements dans la région de Severodonetsk des mois de mai et juin 2022 semblaient indiquer qu’aucune victoire décisive n’était possible pour aucun des belligérants au bout de plus de trois mois de guerre.
La loi des 100 jours
Que dit l’Histoire ? Dans tous les conflits modernes conventionnels, cette échéance des « 100 jours » s’est imposée comme une limite temporelle capitale : soit, la victoire était assurée avant cette échéance au profit d’une des armées en présence, soit, alors que tout le monde avait imaginé une guerre courte, le conflit s’installait dans la durée, faute de bataille décisive. Bien sûr, ce chiffre de « 100 jours » est un peu mythique et, dans les faits, selon le cas considéré, cette échéance déborde, de quelques semaines, en amont ou en aval, cette limite temporelle, un peu arbitraire il est vrai. Mais le principe demeure.
Pourquoi cette échéance de « 100 jours » ? Tout simplement parcequ’elle correspond à une limite logistique. Sur le plan stratégique, cela correspond pour un pays donné, au délai incompressible du passage d’une économie de temps de paix à la mise en route d’une véritable économie de guerre (en 1940, ce n’est qu’en janvier que Louis Armand a réussi à lancer une véritable production de guerre en France, et aux États-Unis, même si le pays constituait déjà l’arsenal des démocraties, ce n’est qu’à la fin du printemps 1942, soit 100 jours après Pearl Harbour, que son économie a basculé dans une réelle économie de guerre). Au niveau opératif, sur le théâtre, les aléas de la bataille de 100 jours font que lorsque l’un des deux adversaires cède du terrain, il raccourcit ses lignes de communication et ses élongations, en se rapprochant de ses bases, tandis que l’autre, a contrario, les allonge. Au niveau tactique, c’est souvent l’échéance à laquelle le dispositif logistique doit être redéployé.
Il reste 83 % de l'article à lire