L'auteur, ancien diplomate, analyse 10 récents ouvrages consacrés à l'Ukraine et à son histoire avec la Russie jusqu'aux premières analyses du conflit actuel.
L’Ukraine parmi les livres (T 1438)
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La guerre en Ukraine, entrée dans son huitième mois, a donné lieu à de nombreux ouvrages, de divers genres. Chacun jette un regard aiguisé sur ce pays complexe, jusqu’à présent encore insuffisamment connu, dont la résistance, l’héroïsme et l’intelligence stratégique ont stupéfié le monde. Entre l’histoire de ces deux pays, au destin intimement partagé, la réflexion sur les causes de leur rupture, les considérations géopolitiques, religieuses et aussi culturelles, comme le récit d’enquêtes sur le terrain, c’est à une gamme variée d’ouvrages que l’on a affaire, sans oublier l’exposé de ce que l’on croit percevoir des motivations et objectifs de la Russie. Qu’est-elle allée faire dans cette galère, dont elle a été loin d’apprécier les enjeux tant extérieurs qu’internes ?
Une histoire commune, mais séparée, dévoilée
CNRS éditions, 2022, 318 pages
Dans Russes et Ukrainiens, Les frères inégaux, Du Moyen-Âge à nos jours, Andreas Kappeler, un des meilleurs historiens de l’Ukraine, effectue de nombreuses mises au point, qui permettront au lecteur de mieux comprendre les enjeux mémoriels du conflit actuel. Il faut mettre l’accent sur un point faisant toujours l’objet d’interprétation différente entre la Russie et l’Ukraine.
« Le récit russe largement adopté par les historiographies francophone, anglophone et germanophone. On parle de la “Russie de Kiev” et de sa population russe, de la “Russie ancienne”, de la langue et de la littérature vieux-russes, et jamais de l’Ukraine ancienne ou de la langue et littérature vieux-ukrainiennes. Cet usage des termes ne reflète pas seulement une vue russocentriste. […] la population de la Rous de Kiev est identifiée automatiquement aux Russes d’aujourd’hui, et non aux Ukrainiens, qui portent aujourd’hui un nom qui n’est pas relié à la Rous. Pour éviter l’identification de la Rous de Kiev avec la Russie et les Russes, les historiens occidentaux emploient de plus en plus les termes Rous et Slaves orientaux. […]. Cette terminologie “habituelle” […], qui fait fi de l’Ukraine et de son histoire […], ce qui intègre la Rous de Kiev dans l’histoire de la Russie, et non dans celle de l’Ukraine. D’un point de vue scientifique, les querelles des historiens russes et ukrainiens sur l’héritage de la Rous de Kiev projettent des catégories nationales dans un passé lointain, quand les nations russe et ukrainienne n’existaient pas encore ».
Dès lors, conclut-il, la question de savoir si la Rous de Kiev était russe ou ukrainienne est vaine. Ainsi, en un nombre limité de pages, Andreas Kappeler, dresse un tableau documenté des 1 200 ans de l’histoire croisée de la Russie et de l’Ukraine. Son dernier chapitre – « Frères ennemis ? La confrontation de deux États postsoviétiques » – est un peu court, pour traiter les trente-deux années qui ont succédé à l’indépendance, mais tel n’était pas, après tout, l’objet de l’ouvrage.
Antipodes, 2022, 438 pages
Dans Histoire partagée, mémoires divisées, Ukraine, Russie, Pologne, vingt-cinq auteurs sous la direction de Korine Amacher, Éric Aunoble, et Andrii Portnov, décrivent les relations entre ces trois pays dont le destin, plus souvent tragique, est largement partagé. Après les États-Unis, c’est bien la Pologne qui est le deuxième pourvoyeur d’aide à l’Ukraine. Le grand intérêt de cet ouvrage, très documenté et illustré mais qui reste clair, est qu’il passe en revue la plupart des chapitres de cette histoire commune des trois voisins. Le Temps des troubles (1604-1613), les révolutions et les guerres (1917-1921), la Grande Famine (1932-1933), Katyn (1940), le 8/9 mai. De même, les auteurs brossent le portrait de grandes figures : le cosaque Bohdan Khmelnystsky, qui a demandé la protection de la Russie en 1654 ; Ivan Mazeppa, qui s’est allié à Charles XII contre Pierre le Grand ; Stepan Bandera, qui s’est un moment allié à l’Allemagne nazi, croyant qu’elle allait favoriser une Ukraine indépendante. On prend mieux la mesure des compétitions victimaires, de l’importance de la mémoire et de la césure Est-Ouest qui ne s’est jamais estompée.
Seuil, 2022, 224 pages
On a évoqué l’image des frères séparés. Tel est l’objet de l’ouvrage du livre d’Anna Colin Lebedev : Jamais frères ? Ukraine et Russie : une tragédie post-soviétique. Cet ouvrage montre, d’un point de vue sociologique et culturel, comment ces deux nations sœurs, se sont séparées, avant d’entrer en collision. Nombreux sont les indices montrant le fossé entre les deux pays, qui n’a cessé de s’élargir. Alors qu’en 1992, 30 % des Russes pensaient que Staline avait été un grand leader, ils sont 56 % en 2021, selon une enquête du Centre Levada (une ONG russe). En Ukraine, ils étaient 16 % la même année (p. 31), soit la proportion des Russes dans le pays. Elle montre qu’au cours des siècles, les Russes et les « Petits Russes », devenus Ukrainiens, tout en partageant la même histoire, parlant des langues communes et professant largement la même foi, ont traversé des épisodes tragiques conflictuels. Tel fut le cas de l’Holodomor : entre cinq et six millions d’Ukrainiens moururent de cette politique, nommée ainsi a posteriori (holod : « la mort par la faim »), et près d’un million seront déportés. Staline réussit à briser la résistance du monde paysan ukrainien et intensifia de ce fait la russification. Des paysans russes furent déplacés vers l’Ukraine dont les villages furent dévastés. Certains historiens ukrainiens y voient une volonté de détruire l’identité ukrainienne. Certes, on compta également un million de morts au Kazakhstan et dans le Caucase, mais c’est en Ukraine que la férule stalinienne fut la plus raide et la plus déterminée. Malgré l’engagement partagé dans la guerre, les souffrances communes et la victoire finale obtenue contre l’Allemagne nazie, la Seconde Guerre mondiale est aujourd’hui un sujet de violentes controverses mémorielles entre la Russie et l’Ukraine. Même à l’intérieur de l’Ukraine, l’appréciation portée sur la guerre est très variable. La cause principale de ces controverses tient à ce que la population de l’Ukraine occidentale, qui avait été incorporée de force dans l’Union soviétique, fut très peu loyale à Moscou (Russes et Ukrainiens, op. cit., p. 210-211). Des communautés entières y ont été mises à mort ou déplacées surtout dans ces « Terres de sang », selon le titre de l’ouvrage de Timothy Snyder (Gallimard, 2012) entre Russie, Pologne et Ukraine. En 1941, l’Ukraine comptait 41 millions d’habitants, elle n’en comptait que 27 millions en 1945. En 1939, la communauté juive s’élevait à 2,5 millions ; en 1945, 500 000 Juifs habitaient l’Ukraine jusqu’à la dissolution de l’Union soviétique, 80 % d’entre eux ont pu émigrer.
L’Aube, 2022, 130 pages
Naissance d’une nation européenne, réflexions sur la question ukrainienne, tel est le titre de l’ouvrage d’Olivier Weber, écrivain-voyageur et grand reporter, qui s’est rendu trois semaines sur la frontière de l’Europe, au printemps. Il a traversé le Dniepr, arpenté les rues de Kharkiv, forêt urbaine aux troncs massacrés, qui résiste et ne se rend pas. Il s’est rendu à Odessa, la cosmopolite ville-monde, a senti le souffle des Cosaques dans la plaine de Poltova. Bien des thèmes devenus usuels défilent sous sa plume, en acquérant une nouvelle force. De l’Homo sovieticus à l’Homo violens, vers l’autocratie d’essence divine, celle de Poutine, et c’est en cela qu’elle échappe à notre entendement. L’anatomie de la terreur de Boutcha à Izioum. De toutes ces épreuves naîtra une troisième Europe, forte d’une Ukraine qui prône les mêmes valeurs et lutte contre une dictature qui utilise tous les instruments, y compris la tactique de l’agression et le contrôle de la pensée.
L’Aube, 2022, 138 pages
Pour le géographe et géopoliticien Michel Foucher, la guerre en Ukraine est Une guerre coloniale en Europe, titre de son ouvrage qui est un recueil de ses différents articles et interviews. Il condense sa pensée en estimant que Vladimir Poutine poursuit son dessein de rassembler à l’intérieur d’un même ensemble la nation russe et les populations non russes vivant en dehors de la Fédération, mais ayant le russe comme langue maternelle. Dans sa conception ethnique de la nation, le Président russe, entretenant sciemment la confusion entre les deux notions, considère qu’un russophone est un Russe. Les frontières du Patriarcat reflètent fidèlement le rêve « grand-russien » de Poutine : retrouver les contours de la « Sainte Russie », le russe étant la langue et le ciment de la religion et du peuple. Les statistiques officielles sur les régions à forte et faible population russophone ne sont guère fiables. En trois mois, 70 milliards de dollars sont sortis du pays. Le rêve grand-russien est plus qu’une volonté de propagande au sens strict, il s’agit pour le Kremlin de réaliser une double ambition : entretenir et propager la langue russe ; détruire la mauvaise réputation de la Russie en s’efforçant de maîtriser son image extérieure. Les Russes ne lâcheront jamais… « Le Soft Power russe s’appuie encore sur l’agence d’information multilingue Ria Novosti (réorganisée avec l’aide d’une agence de communication américaine), l’Internet russe ru.net, les réseaux “d’amis de la Russie”, le sport (Jeux olympiques de Sotchi en 2014, Coupe du monde de football en 2018), les multiples colloques et séminaires organisés sur le modèle américain par des think tanks. La Russie tire parti de son “appartenance” au groupe des fameux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ».
Albin Michel, 2022, 286 pages
Jean-François Colosimo, spécialiste reconnu des religions se livre à une vaste rétrospective de la dimension religieuse de la question ukrainienne dans La crucifixion de l’Ukraine, Mille ans de guerres de religions en Europe. Au fil des âges, les assauts des influences étrangères se sont succédé, mais n’ont pas réussi à dénaturer le fonds des populations autochtones. Ainsi en a-t-il été de l’Ukraine, ce carrefour du Vieux Continent, où les communautés locales issues de l’Évangile, de la Torah ou du Coran ont adopté les unes à l’égard des autres une autre démarcation rituelle. Cependant, en brisant le nœud ukrainien, Vladimir Poutine a voulu rendre insurmontable le hiatus entre les deux Europe, occidentale et orientale, tournées l’une vers l’Atlantique, l’autre vers l’Oural. Il a cherché pour ce faire, à provoquer la résurgence du plus redoutable des fantômes continentaux, celui de la guerre civile, de la guerre millénaire des religions, y compris séculières, qui n’a cessé de faire, défaire, refaire la Grande Europe et dont l’Ukraine a toujours présenté un enjeu majeur. La crucifixion de l’Ukraine n’a pas commencé une nuit de l’hiver 2022. Elle remonte à loin et dure depuis longtemps. C’est à l’élucidation de cette chronique touffue et l’illustration de cette espérance ténue que s’attache son livre aussi puissant, qu’agréable à lire, en dépit des passages ardus qu’il comporte. Dès le VIIIe siècle une ligne de démarcation s’est édifiée sur la rivalité entre les missions carolingienne et byzantine, les Églises grecque et latine, le Saint-Empire romain germanique et l’Empire romain d’Orient. Cette ligne sur laquelle se situe l’Ukraine, ou plutôt que l’Ukraine métabolise, se déploie en zigzag de Tallinn (Estonie) sur la Baltique à Split (Croatie) sur la Méditerranée. C’est elle qui traverse l’Ukraine en son centre et, passant par Kiev, partage le pays entre l’Est et l’Ouest qui dans leurs confins forment respectivement un bastion orthodoxe autour du Donetsk, un bastion catholique autour de Kiev.
Stock, 2022, 232 pages
Dans L’épreuve et la contre-épreuve, De la Yougoslavie à l’Ukraine, Edwy Plenel, cofondateur de Mediapart dont on connaît les engagements passés, s’est souvenu ce qu’écrivait Léon Trotski, enfant de l’Ukraine, qui étudia dix années à Odessa. L’ancien commissaire aux Armées du gouvernement bolchevique avait déjà dressé un constant sans fard. « En Grande-Russie aussi, la bureaucratie a étranglé et pillé le peuple. Mais, en Ukraine, les choses ont été compliquées encore par le massacre des espérances nationales. Nulle part, les destructions, les épurations, la répression et, de façon générale, toutes les formes de banditisme, bureaucratique n’assumèrent un caractère de violence aussi meurtrière qu’en Ukraine, dans la lutte contre les puissantes aspirations, profondément enracinées, des masses ukrainiennes à plus de liberté et d’indépendance » (Œuvres, vol. 21, Institut Léon Trotski, 1986, p. 125). De son ouvrage engagé, qui ne traite qu’accessoirement de l’Ukraine, on retiendra quelques phrases à méditer : « la gauche internationaliste qui n’a l’habitude de combattre que l’impérialisme occidental, devrait repenser sa stratégie… Tout comme l’Empire russe était le gendarme de l’Europe au XIXe siècle, le régime de Poutine est désormais le garant de l’absence de changement social et politique dans l’espace post-soviétique » (chapitre II : « L’impérialisme russe »). La guerre en Ukraine rebat bien des cartes dans l’univers idéologie et politique.
Quel est l’argumentaire russe ?
En dehors des bulletins de l’ambassade russe, le lecteur ne dispose que de peu de sources pour prendre connaissance du discours russe sur la guerre. Or, il convient de la connaître, ne serait-ce que pour mesurer l’ampleur du gouffre qui sépare l’« Occident global » à la Russie assiégée, puisque selon Vladimir Poutine, dans son discours du 21 septembre, annonçant la mobilisation « partielle », celle-ci est en guerre avec le premier.
Max Milo, 2022, 357 pages
Dans Operation Z, Jacques Baud, ex-membre du renseignement suisse, spécialiste des pays de l’Est et chef de la doctrine des opérations de la paix des Nations unies, a été engagé dans des négociations avec les plus hauts responsables militaires et du renseignement russes juste après la chute de l’URSS. Au sein de l’Otan, il a participé à des programmes en Ukraine. Loin de penser que la décision de Poutine d’attaquer l’Ukraine était pertinente, il condamne la guerre, mais pense néanmoins qu’il est utile de se pencher de manière critique sur la façon dont nous (mais qui est ce « nous », précisément ?) avons géré cette crise et les crises en général. Il relève que l’absence de détermination occidentale à mettre en œuvre les Accords de Minsk lui paraît inexplicable. Pourtant, cette non-application des accords de Minsk ne pouvait certainement pas, à elle seule, justifier la guerre totale engagée par la Russie. Poutine avait bien des raisons d’intervenir avance l’auteur. Quand a-t-il décidé d’agir, sur la base de quelles informations, en s’entourant de quels avis ? Le mystère demeure, aussi épais que les murailles du Kremlin. Après la reconnaissance, le 21 février, de l’indépendance autoproclamée des Républiques du Donetsk et de Louhansk, la Russie aurait pu se borner à leur venir en aide et les prémunir contre la tentative, qu’elle décelait du côté des autorités de Kiev, de les reprendre par la force. Vladimir Poutine avait déclaré, lui-même, le 22 février, que les frontières de ces deux nouvelles Républiques seraient déterminées par la négociation.
Jacques Baud dénonce la politique du « deux poids, deux mesures » : le bombardement de Belgrade en 1999 par l’Otan, l’opération militaire américaine en Irak en 2003, puis il y eut le détachement du Kosovo de la Serbie. Il pousse un peu loin son raisonnement lorsqu’il écrit que la démarche de Poutine n’est ni territoriale, ni idéologique. Lorsque l’archiprêtre Kirill, dont on connaît la proximité avec le maître du Kremlin, justifie l’intervention militaire russe par la « lutte contre les forces du mal », n’est-ce pas une prise de position éthico-religieuse ? C’est bien cette césure entre les deux Europe, l’occidentale catholique et protestante, et la troisième Europe slavo-orientale qui est à l’origine du drame actuel, drame amplifié par la réécriture d’une bonne portion de l’histoire du XXe siècle, telle qu’elle a été revue par Vladimir Poutine ! Plus on s’enfonce dans la guerre, plus la paix paraît hors de portée, plus il est difficile de se déterminer quant aux chances du rétablissement d’un ordre de paix et de stabilité en Europe. Aussi de vastes courants au sein de l’opinion occidentale s’en remettent au fatum et misent sur la fin du régime de Poutine, soit par révolution de palais, soit par révolte populaire, soit de toute autre façon, hypothèses bien osées au début du conflit, mais devenues envisageables.
L’Harmattan, 2022, 238 pages
Après avoir été en poste à l’Otan, Gaël-Georges Moullec, spécialiste de l’histoire russe et du mouvement communiste international, chercheur associé à la Chaire de géopolitique de la Rennes School of Business, s’inscrit dans la lignée des auteurs se plaisant à souligner les insuffisances de la démocratie ukrainienne avec son ouvrage Ukraine - La fin des illusions. Dans le but de se libérer de l’héritage du passé, de limiter l’influence de la Russie et de trouver une identité propre, les dirigeants ukrainiens adoptent l’ukrainisation de la langue, de la culture et de la vie du pays. Au total, la tentative de construction de l’État ukrainien s’est faite sans tenir compte des spécificités ethniques, linguistiques et historiques du pays. Lorsque les particularismes locaux sont devenus clairs, une crise permanente de l’État vit le jour. Elle accentue la polarisation du pays et conduit clairement à sa scission par une guerre civile qui débute en 2014 et implique la Russie depuis le 24 février 2022.
Éditions Delga, 2022, 348 pages
Dans La Russie sans œillères - Du conflit en Ukraine au tournant géopolitique mondial, une série d’auteurs reprennent et développent la série d’arguments développés par les auteurs précédents, en insistant sur la russophobie régnant en Occident, en mettant au premier plan le rôle déterminant joué par les États-Unis. On y trouvera la description de l’attitude du reste du monde face à la guerre (Chine, Afrique). Une vision orientée, mais que nous devons aussi connaître. Parmi tous ces articles, si on les déleste de leur gangue idéologique, le plus intéressant est celui consacré à l’isthme Baltique–mer Noire, c’est-à-dire l’axe Pologne–Roumanie–Balkans, comme verrou utilisable par les États-Unis pour empêcher la constitution d’un axe Chine–Allemagne–Europe. Même si cette vision paraît quelque peu forcée, elle présente une clef du conflit actuel. Dont l’un des résultats est d’avoir déconnecté l’Europe des hydrocarbures russes, l’Allemagne de la Chine. C’est bien à une restructuration des rapports de force et de flux commerciaux mondiaux auquel on assiste actuellement, un mouvement qui ne fait que débuter. ♦