À deux jours du début de la Coupe du monde 2022 au Qatar, l'ambassadeur Bertrand Besancenot met en avant les progrès qui ont été effectués par le pays hôte dans le cadre de l'organisation de cet événement sportif. Si tout n'est évidemment pas parfait dans un pays qui ne partage pas l'ensemble des valeurs occidentales, l'auteur souhaite souligner l'importance pour le pays et pour le monde que le Mondial se déroule bien et précise les promesses qui ont été effectuées par les Qataris, notamment sur le plan social et environnemental et qui seront, à l'avenir, à surveiller par la communauté internationale.
Le Qatar et la coupe du monde de football (T 1448)
(© MSM / Adobe Stock)
NDLR : Les propos tenus dans cet article n'engagent que leur auteur et ne sauraient montrer quelconque position de la Rédaction de la RDN sur la tenue de la Coupe du monde au Qatar.
Avec l’attention des opinions publiques tournée vers Doha à la veille du « Mondial », on constate une nouvelle phase de « Qatar bashing » dans les médias et les réseaux sociaux. C’est la rançon du succès attendu de l’événement, mais aussi le résultat d’une campagne orchestrée par les critiques habituels de l’émirat. Certes, le Qatar n’est pas un modèle en matière de démocratie, de droits humains et de respect de l’environnement ; et ses importants moyens financiers lui permettent de réaliser une opération de « soft power » dans le cadre de sa politique générale d’influence.
Toutefois, cela ne doit pas masquer les progrès enregistrés sur les sujets faisant l’objet des critiques.
• Le Qatar dispose désormais d’un parlement dont les 2/3 des membres sont élus. C’est une première étape qui mérite d’être saluée vers la responsabilisation des citoyens dans la gestion de l’État.
• Les expatriés, venant essentiellement d’Asie du Sud, ont connu des conditions d’existence et de travail éloignées de nos critères sociaux. Il n’en reste pas moins que leur situation s’est améliorée au cours des dernières années avec la suppression du sponsorship, qui constituait une atteinte à leur liberté de mouvement, avec l’institution d’un salaire minimum garanti et la construction de lieux de vie plus décents.
• La pollution de l’air à Doha est un fait, mais un effort méritoire a été entrepris pour assainir la situation, en ayant recours, par exemple, à l’énergie solaire pour l’éclairage public. Par ailleurs, de même que nous chauffons nos terrains de football durant l’hiver, il n’est pas absurde que les terrains qataris bénéficient d’un air conditionné, au risque d’empêcher la pratique du sport la moitié de l’année. C’est intentionnellement que la date du Mondial a été déplacée à la fin de cette année pour éviter précisément de devoir conditionner l’air pendant les jeux.
Il faut, par ailleurs, prendre en considération la fierté que ressentent beaucoup de jeunes dans le monde arabe devant le fait que, pour la première fois, le Mondial ait lieu dans un pays arabe. Le football est en effet de loin le sport préféré des jeunes dans cette partie du monde.
Les Qataris ont, en outre, pris le risque d’organiser le Mondial chez eux, ce qui représente un effort exceptionnel de préparation dans un si petit pays. On ne peut que les en féliciter et espérer que tout se passera bien. Par ailleurs, une partie des installations sera démontée à l’issue de l’événement et offerte à des pays pauvres, ce qui est un geste généreux.
Bien sûr, l’argent permet beaucoup de choses. Mais le Qatar n’est pas le seul pays à bénéficier de ressources pétrolières et gazières… songeons à des pays comme l’Iran ou la Libye qui en ont fait un bien moins bon usage ! La bonne gouvernance doit donc être reconnue, même si elle n’est naturellement pas exempte, dans le cas du Qatar, de dépenses discutables.
Il serait en tout cas équitable d’arrêter de caricaturer ce pays ami de la France et de souhaiter que le Mondial soit un succès, pour le plaisir de tous. ♦