Le tremblement de terre survenu en février dernier en Syrie et en Turquie rebat les cartes diplomatiques au Moyen-Orient et au-delà, notamment autour de la figure de Bachar el-Assad. Si le désastre humanitaire nécessite l'assistance internationale pour secourir les victimes, le rétablissement de liens diplomatiques entre Damas et certains de ses voisins revient au cœur de l'actualité. L'intervention récente du ministre des Affaires étrangères saoudien sur un possible rapprochement entre l'Arabie saoudite et la Syrie est analysée ici par l'ambassadeur Bertrand Besancenot.
Assiste-t-on à un rapprochement saoudo-syrien ? (T 1481)
(© Flag Store / Adobe Stock)
Plusieurs médias internationaux ont fait état d’un rétablissement des relations diplomatiques entre Riyad et Damas, y voyant un nouveau signe d’un « redessinage » de la carte moyen-orientale. Cette présentation a conduit le ministère saoudien des Affaires étrangères à effectuer une mise au point, en précisant que « des discussions sont en cours pour une reprise des relations consulaires entre les deux pays, car un dialogue est nécessaire à un certain point, au moins en ce qui concerne l’aspect humanitaire ».
Cette réaction officielle immédiate montre que les autorités de Riyad veulent éviter une interprétation erronée de leur mouvement. Il est clair, en effet, qu’après le tremblement de terre qui a frappé la Turquie et la Syrie – et qui a amené l’Arabie saoudite à envoyer dans ces deux pays une aide humanitaire – le rétablissement de services consulaires permettra de faciliter l’assistance aux victimes.
Toutefois, il est inévitable qu’après l’annonce récente d’un rétablissement prochain des relations diplomatiques entre Riyad et Téhéran, certains aient voulu voir dans le geste saoudien envers Damas la confirmation d’un mouvement politique général d’apaisement des tensions au Moyen-Orient. Cela d’autant plus que le ministre saoudien des Affaires étrangères avait déclaré, le 19 février dernier, qu’un « consensus émergeait entre pays arabes pour estimer que l’isolement de la Syrie n’était pas praticable ». Il avait ajouté, le 8 mars, qu’un « engagement avec la Syrie pourrait éventuellement mener à son retour au sein de la Ligue arabe, mais qu’à ce stade il était prématuré d’en parler ».
Il reste 51 % de l'article à lire