Où en sommes-nous dans la poursuite de la guerre en Ukraine et quelles sont les perspectives de sorties du conflit ? Christine Dugoin-Clément, dans la lignée des articles publiés dans nos numéros de février et de mars, revient sur les dernières actualités de la guerre russo-ukrainienne, avant d'envisager les marges de manœuvres chinoises dans la résolution de la guerre avec un « plan de paix ». Toutefois, si Xi Jinping a bien l'oreille de Vladimir Poutine, ce dernier ne semble pas souhaiter accepter la proposition de médiation de Pékin.
Ukraine et Russie : d’est en ouest et du sol au cyberespace (T 1482)
(© Tunasalmon / Shutterstock)
La guerre en Ukraine s’est installée dans les esprits. Si le conflit a connu une phase d’usure, les Ukrainiens ont réussi à tenir Bakhmout plus longtemps que beaucoup ne le supposaient et vont bientôt recevoir des chars occidentaux et des pilotes de chasse commencent à être formés. Parallèlement, alors que la campagne de conscription d’avril va débuter, l’armée russe doit toujours faire face à un enjeu de ressources humaines, Wagner se voyant affaibli.
Dans le cyberespace, l’Ukraine témoigne d’une grande imagination et la Russie a restructuré ses groupes. Moins évoqué et pourtant particulièrement important, la Chine est également parvenue à obtenir un accord entre l’Arabie saoudite et l’Iran, dont les conséquences pourraient concerner la situation en Ukraine.
Entre usure, besoin de matériels et ressources humaines
Cet hiver, la guerre entre l’Ukraine et la Russie est entrée dans une phase d’usure qui, évocatrice des principes de Foch, consiste à épuiser les forces adverses tout en tentant d’économiser ses propres ressources. Si les Ukrainiens ont récemment lancé une contre-attaque locale à l’ouest de Bakhmout, allégeant ainsi la pression sur l’axe H-32 qui conditionne l’approvisionnement de la ville, ils n’échappent pas au risque d’un enveloppement par le nord et le sud. Dans le même temps, au Sud, les forces Russes accentuent leurs bombardements sur la ville de Kherson (1) et semblent, après une phase de stabilisation et de russification des zones occupées (2), résolus à prolonger l’invasion de l’Ukraine le long de la mer Noire. Bien que Kyiv continue à demander davantage d’armements et de matériels, dont quelques 2 000 canons, et que des chars occidentaux (3), notamment des Abrams américains, devraient arriver sur le front à l’automne (4), l’Ukraine, par la voix du général Holubtsov, commandant de l’armée de l’air, insiste désormais sur l’avantage qu’elle tirerait d’avions de chasse (5). Cette demande suscite de nombreuses discussions entre opposants et partisans de la livraison de chasseurs occidentaux (6) : les partisans soulignent l’avantage qu’une possible domination aérienne offrirait à l’Ukraine, alors que les opposants insistent sur les problèmes de maintenance – notamment en termes de personnels au sol – et d’approvisionnement en armements que soulèverait la livraison d’avions de chasse. Ils font également valoir le risque que des attaques sur le territoire russe soient menées avec du matériel occidental. Déjà mise en avant au moment de la livraison à l’Ukraine des lance-roquettes Himars, cette problématique avait conduit à modifier ces matériels pour limiter le risque de tirs de missiles sur la Russie (7).
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