Pendant plus de deux ans la Chine est restée obstinément fermée sur la base d’une politique Zéro Covid d’une rigueur absolue, notamment dans la grande métropole de Shanghaï dont les habitants se sont retrouvés prisonniers sous le contrôle des Dabai, les grands hommes blancs vêtus de combinaison de cosmonautes. La révolte de Shanghaïens affamés et indignés à la suite de l’incendie mortel dans un appartement qui avait été cadenassé à Urumqi, capitale du Xinjiang, a commencé à prendre une tournure politique, mettant en cause le président Xi Jinping en personne dès lors que ce dernier se glorifiait d’une gestion de la crise sanitaire supérieure à celle des Occidentaux. Or, le monde avait abandonné toute mesure de contrainte et revivait normalement depuis plus d’un an. Même les pays comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande, également adeptes un temps d’une politique Zéro Covid, y avaient renoncé sans dommage. Curieusement, le peuple chinois n’a pris conscience de cette singularité que devant les images des spectateurs non masqués, joyeux et s’embrassant lors de la Coupe du monde de football au Qatar en novembre 2022. Les censeurs ne peuvent pas penser à tout…

Les choses sont allées extraordinairement vite ensuite. Par une volte-face dont la Chine est peu coutumière car elle est plutôt encline à tester une politique avant de la généraliser, Pékin a levé du jour au lendemain toutes les restrictions dans les contacts et les sorties. Les médias occidentaux ont prédit une hécatombe. De fait, près de 95 % de la population ont été aussitôt infectés par le variant Omicron, mais sont revenus guéris au travail 15 jours plus tard. Le nombre des morts, principalement parmi des populations âgées réticentes à se faire vacciner, est inconnu : il est, en tout état de cause, inférieur proportionnellement aux décès, qui ont dépassé le million, dans la population américaine. Les fêtes du Nouvel an lunaire qui se traduisent par la plus grande transhumance au monde, ont vu une explosion de la consommation. Tournés vers l’avenir et soucieux de rattraper le temps perdu, les Chinois ont refait leurs passeports, repris le chemin de l’étranger et formé de nouveaux projets. Cette période difficile semble oubliée et même faire l’objet d’une étrange amnésie.

Il était temps de sortir de cette impasse. L’économie avait souffert d’un ralentissement sensible, le taux de croissance (3 %) tombant à son plus bas niveau depuis les débuts de la politique d’ouverture si l’on excepte l’année de la Covid-19 (2020). Les mauvaises nouvelles faisant peser des risques à plus long terme sur la croissance chinoise étaient concomitantes.

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