La guerre est redevenue le moyen de régler les différends. Le général Pellistrandi analyse l'intensité des conflits actuels, tant en Ukraine que sur la Bande de Gaza.
Éditorial – Intensité, hybridité (T 1534)
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Demain, mercredi 18 octobre, cela fera 600 jours que l’« opération spéciale militaire », selon Vladimir Poutine, a débuté contre l’Ukraine. Sans entrer en détail dans les théories stratégiques, il s’agit bien d’une guerre quasi symétrique de haute intensité au regard des batailles d’attrition engagées depuis des mois. Quasi, car il ne faut pas oublier que la Russie est une puissance nucléaire et n’hésite pas, d’ailleurs, à agiter le chiffon rouge de la dissuasion nucléaire. Les forces engagées sont importantes avec la mobilisation de tout un pays, l’Ukraine et de ses soutiens, essentiellement les États-Unis et les pays européens. On redécouvre que la guerre de haute intensité est exigeante avec des pertes humaines conséquentes de part et d’autre, des pertes civiles du côté ukrainien avec 9 806 morts répertoriés selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) et 17 962 blessés au 8 octobre. Il faut ajouter à cela le bilan matériel, avec des destructions majeures touchant quasi exclusivement le territoire de l’Ukraine.
Guerre de haute intensité sur le continent européen, mais également guerre asymétrique de haute intensité depuis le samedi 7 octobre après l’attaque terroriste de grande ampleur conduite par le Hamas depuis la bande de Gaza vers le sud d’Israël avec un bilan terrible d’environ 1 400 Israéliens et étrangers dont 19 Français tués, la plupart systématiquement exécutés, y compris les femmes et les enfants au mépris de toutes les règles du droit des conflits armés. La réplique de Tsahal – totalement surpris et débordé au petit matin du samedi – a débuté dès le soir même avec des frappes aériennes massives visant à détruire les sites du Hamas, au risque de pertes dans la population gazaouie.
Le choc a été massif, amenant Israël à mobiliser ses réservistes à un niveau sans précédent depuis la guerre du Kippour en octobre 1973 avec 360 000 soldats venant renforcer les unités d’active. L’objectif est de préparer une offensive terrestre, aérienne et maritime de grande ampleur visant à détruire le Hamas. Celui-ci a effectivement mené des frappes avec des moyens nouveaux comme des parapentes ou des drones neutralisant les tours de surveillance installées le long du mur de séparation entre Gaza et le sud d’Israël. Certes, il y a dissymétrie entre le Hamas et Tsahal. Le premier ne dispose pas de chars, d’artillerie conventionnelle ou d’aviation de combat, mais l’organisation terroriste a su développer, avec l’appui de l’Iran, des technologies hybrides suffisamment développées pour créer un effet de surprise et de sidération en Israël. Il s’agit bien néanmoins d’un conflit de haute intensité, dont les conséquences sont, à ce jour, encore imprévisibles, surtout à partir du moment où l’offensive terrestre démarrera.
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