Spécialiste de l'Espagne, Benoît Pellistrandi rend compte des enjeux auxquels le nouveau gouvernement espagnol va devoir faire face à court et moyen termes. Entre continuité et rupture, Madrid doit continuer à cultiver sa place internationale et notamment européenne et au sein de l'Otan, tout en prenant à bras le corps des crises sociales et politiques internes.
Espagne : un gouvernement de continuité pour une politique de rupture (T 1548)
Pedro Sanchez devant le Parlement européen (archive 2019). © European Parliament / Flickr
Cinq jours après avoir été investi Président du gouvernement par 179 voix contre 171, Pedro Sanchez a fait connaître la composition de son gouvernement. Celle-ci est remarquable de continuité : en dépit de l’arrivée de neuf nouveaux visages – cinq du PSOE et quatre de Sumar (coalition de seize partis de gauche) – sur vingt-deux titulaires, le noyau dur reste le même.
Les vice-présidentes (Nadia Calviño à l’Économie, Yolanda Diaz au Travail, Teresa Ribera à la Transition écologique) sont les mêmes que dans la précédente équipe. Maria Jesus Montero, ministre des Finances, est gratifiée d’une quatrième vice-présidence. Ce chiffre de quatre vice-présidentes pourrait néanmoins repasser à trois si, comme elle le désire, Nadia Calviño quittait rapidement le gouvernement pour prendre la présidence de la Banque européenne d’investissements.
Felix Bolaños, l’homme à qui Sanchez avait confié les négociations avec les groupes parlementaires pour construire la majorité qui l’a soutenu, cumule les portefeuilles de la Justice et de la Présidence (un combiné de notre ministère des Relations avec le Parlement et de secrétariat général du gouvernement). On ne pouvait mieux exprimer le lien étroit que Pedro Sanchez entend établir avec les grandes institutions judiciaires. Celles-ci vont devoir « avaler » l’amnistie promise aux indépendantistes catalans en dépit des signaux hostiles nombreux que le monde de la justice a envoyés depuis quinze jours au gouvernement.
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