À l'aube de cette nouvelle année, le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la RDN dresse un tableau des enjeux et menaces géopolitiques de 2024.
2024 : année olympique ou géopolitique ? (1/2) (T 1558)
24 février 2022, 7 octobre 2023, quelle date pour une surprise stratégique en 2024 ? Déjà, depuis le 1er janvier, entre les bombardements massifs russes sur l’Ukraine, les tirs de missiles en mer Rouge par les rebelles houthis et l’élimination ciblée du numéro 2 du Hamas dans la banlieue de Beyrouth, sans oublier les gesticulations militaires de la Corée du Nord, 2024 démarre fort, préludant une année qui risque d’être compliquée, complexe et crisogène. Il ne faut pas se voiler la face : il y a plus de raison d’être inquiet et vigilant que d’être béat devant les mois à venir et d’éviter d’être, tel le lapin, paralysé devant le cobra guettant sa proie.
Le tour d’horizon proposé ici ne se voudra ni exhaustif, ni tenant de la boule de cristal, mais d’un essai d’éclairage des conflits en cours ou susceptibles de déraper durant cette année, qui sera marquée pour la France par l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques cet été, mais pour le reste du monde par de nombreux défis, qui culmineront avec les élections américaines de novembre avec, peut-être, à cette occasion, un choix cornélien entre démocratie et démocrature…
Russie-Ukraine : vers un An 3
En premier sur la longue pile des conflits, la guerre imposée par Moscou à l’Ukraine depuis bientôt deux ans. « On » s’était habitué à ce conflit de haute intensité sur le continent européen. Certes, la ligne de front avait peu évolué en 2023 et le relatif échec de la contre-offensive ukrainienne, lancée début juin, laissait penser que l’hiver verrait une sorte de statu quo avec des combats sporadiques le long du millier de kilomètres du front. Une situation un peu analogue à l’hiver 1915-1916 (tandis que les Allemands préparaient la grande offensive de Verdun) où aucun des deux camps n’avait la capacité de l’emporter. Mais, en fait, à défaut d’opérations terrestres d’ampleur – le Général Hiver limitant les capacités tactiques –, ce sont les autres fronts qui, au final, sont particulièrement actifs.
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