À l'aube de cette nouvelle année, le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la RDN, dresse un tableau des enjeux et menaces géopolitiques de 2024.
2024 : année olympique ou géopolitique ? (2/2) (T 1559)
Image générée par IA (© Frédéric Prochasson / Adobe Stock)
Plus d’une décennie après son arrivée au pouvoir, Xi Jinping n’a eu de cesse de consolider celui-ci et les récentes nominations répondant, de fait, à une purge post-Covid-19 traduisent ce durcissement avec, en ligne de mire, Taïwan, présenté systématiquement par Pékin comme un point non négociable. La reprise en main du Parti communiste chinois (PCC) est désormais une réalité, tout espoir de démocratisation du régime étant depuis longtemps une fiction. Bien au contraire, Xi ne cesse d’affirmer ses ambitions quasi impériales usant à la fois la carotte avec ses fameuses Routes de la Soie censées apporter paix et prospérité aux partenaires de Pékin, mais aussi le bâton, notamment en mer de Chine, avec des revendications territoriales clairement affichées et appuyées par le développement exponentiel de la marine chinoise. La récente nomination comme ministre de la Défense du chef d’état-major de la marine en est une illustration. Visiblement, l’essor ultramarin sera la priorité avec la volonté de contrôler progressivement, voire d’étouffer, les accès à Taïwan et de faire pression sur tous les États riverains.
Face à cette montée en puissance inexorable, les voisins asiatiques cherchent des parades, soit par la négociation et l’acceptation de compromis comme la Thaïlande, bénéficiant du tourisme venant de Chine, soit en renforçant leur défense comme le Japon. La récente transformation de ses porte-hélicoptères en porte-avions mettant en œuvre les avions F-35 montre la détermination de Tokyo à ne pas se laisser distancer.
Est-ce que 2024 verra une escalade des tensions dans la région ? En fait, ce sera vraisemblablement la théorie de l’élastique que l’on étire progressivement sans en connaître le point de rupture exact. Car Pékin a autant d’ambitions géopolitiques que de besoins de stabilité pour son économie tellement dépendante de ses exportations. Cela n’exclut pas de poursuivre la tactique du grignotage, en particulier en renforçant les partenariats avec des pays du Sud cherchant principalement à éviter de choisir un camp. L’Afrique subsaharienne et l’Amérique du Sud resteront des terres d’intérêt pour Pékin, à la recherche de débouchés pour son économie.
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