Hervé Rameau analyse les ressorts d'une défense de l'Union européenne dans un contexte en mouvement, alors que la guerre russe menée en Ukraine menace le territoire européen et qu'une perspective d'une nouvelle élection du républicain Donald Trump aux États-Unis restent plausibles en 2024. Quels risques et quels opportunités pour une défens de l'Union européenne ?
Défense de l’Union européenne : forces et faiblesses, risques et opportunités – Un état des lieux (T 1594)
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Novembre 2024 : après une campagne électorale aux relents très radicaux, une Amérique profondément clivée réélit Donald Trump à la fonction suprême pour les quatre ans qui viennent. En l’absence de perspective de victoire de l’Ukraine dans le conflit qui l’oppose à la Russie, le nouveau Président américain annonce la fin de l’aide américaine, et somme l’Union européenne (UE) de reprendre seule ce fardeau qui, selon lui, lui revient. Il invite par ailleurs le président Zelensky à négocier les conditions de la paix avec la Russie et annonce le lancement d’une réflexion sur le rôle, la place et l’engagement américain au sein de l’Otan. Soudain, « le roi est nu ».
Les pays de l’UE, dont la plus grande partie des membres s’était réfugiée dans le confort intellectuel et financier d’un parapluie militaire américain devenu hypothétique, se retrouvent face à leur inconséquence stratégique. Les signaux d’alarme n’avaient pourtant pas manqué, mais à force de renoncements successifs, c’est l’histoire qui vient mettre l’irresponsabilité au pied du mur.
La question n’est plus seulement celle de L’Ukraine. Elle devient un problème existentiel pour les pays du flanc Est qui soudain comprennent que « l’article 5 » du Traité de l’Atlantique Nord ne leur offre pas la garantie systématique d’une intervention militaire américaine en cas d’agression, ni celle d’une protection nucléaire considérée comme l’ultime rempart. De son côté, la Russie conserve un arsenal de tout premier plan, avec une capacité au chantage nucléaire relevée d’un cran. Au sein de l’UE, seule la France peut y opposer sa force de dissuasion ; celle-ci n’est, cependant, ni pensée, ni dimensionnée pour protéger l’Union européenne.
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