Cette semaine, le général Pellistrandi revient sur les commémorations du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie, qui auront lieu le 6 juin. Entre mémoire et histoire, politique et géopolitique, cette commémoration intervient dans un contexte particulier en Europe, à une époque où nous vivons, à la fois, la disparition des derniers témoins de cet événement majeur de la Seconde Guerre mondiale, et le besoin, plus que jamais, de témoignages et de transmission ; alors que nos adversaires stratégiques cherchent à réécrire l'histoire à des fins politiques.
Éditorial – Une semaine historique et géopolitique (T 1606)
Troupes commando britanniques arrivant sur les plages normandes (ici Gold Beach) lors du Débarquement, le 6 juin 1944 (© Imperial War Museums)
Il y a 80 ans allait débuter, dans la nuit du 5 au 6 juin, l’opération Overlord avec le débarquement en Normandie, permettant d’entamer la libération de la France, puis de l’Europe, encore sous la botte nazie. Certes, le 5, la Ville éternelle, Rome, était libérée par les Alliés, mais la campagne d’Italie avait été très laborieuse sans pour autant réellement affaiblir la Wehrmacht, à l’abri de la Ligne Gustav. La victoire du Monte Cassino, à laquelle le corps expéditionnaire français commandé par le général Juin et le général de Monsabert, avait permis de débloquer la situation tactique. Pour autant, le véritable second front allait bien être la Normandie.
Overlord a été, et reste, l’opération la plus importante et la plus audacieuse jamais tentée, avec une préparation logistique immense et un entraînement exigeant pour des troupes encore peu aguerries malgré les engagements successifs à partir de novembre 1942, en Afrique du Nord, en Sicile puis en Italie.
Le pari audacieux a conduit à la bataille de Normandie qui va durer bien au-delà de ce qui avait été planifié, jusqu’au 21 août, à peine quelques jours avant la Libération de Paris. Outre les enjeux militaires, quasi exclusivement entre les mains du général Eisenhower et de ses grands subordonnés, un autre enjeu fut politique avec le rétablissement de l’autorité de la République française incarnée par le général de Gaulle. Cette tâche ne fut pas aisée, tant les Alliés américains étaient réticents à reconnaître le général comme le représentant légitime de la France. Il faut saluer ici l’articulation efficace entre la France Libre et la Résistance intérieure qui permit, au fur et à mesure de l’avancée alliée, de remplacer l’administration de Vichy et de faire fonctionner sans interruption réelle les services publics malgré les destructions et les pertes. La nomination de Raymond Triboulet comme sous-préfet de Bayeux, dès le 15 juin, en fut la première étape.
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