Hervé Rameau propose un état des lieux de la situation à Gaza depuis l’attaque du 7 octobre en Israël, via le prisme des relations diplomatiques entre les parties belligérantes et leurs voisins. Son constat met en exergue la complexité de la situation et la difficulté de mettre en place une solution diplomatique.
La guerre à Gaza, le piège presque parfait (T 1619)
Toujours pas d’issue en vue après 9 mois de guerre à Gaza. À ce stade du conflit, il est objectivement clair que le Hamas n’est pas vaincu. Il est, certes, militairement affaibli – le volume de ses actions armées a significativement diminué. Néanmoins, rien ne permet d’évaluer précisément ses capacités résiduelles, et la résurgence récente de combats au nord de Gaza, zone prétendument sécurisée et maîtrisée par Israël depuis plusieurs mois, montre que la frange armée dispose toujours de capacités à se mouvoir sur le territoire, à commander ses moyens et à combattre de façon organisée, y compris pour envoyer des roquettes.
Aucun leader du premier cercle n’a été neutralisé et l’aptitude du mouvement à exercer son leadership paraît à peine entamée. Le Hamas à Gaza communique quotidiennement et fait jeu égal avec Israël dans les négociations, restant ferme sur ses exigences et temporisant ses réponses pour se donner le temps de les étudier. Rien n’indique qu’une défaite sans appel du Hamas soit à portée dans le court terme, voire dans le plus long terme.
Dans le champ des perceptions, l’image d’Israël ne cesse de se dégrader. Le nombre de victimes à Gaza, la poursuite d’une colonisation agressive en Cisjordanie, le discours extrémiste de certains membres de la coalition du gouvernement de Benjamin Netanyahou, l’offensive à Rafah, l’absence de perspective post-conflit et le refus d’une solution à deux États sont autant de motifs à la condamnation de l’attitude de l’État hébreu par les opinions publiques et un nombre croissant d’États. L’Afrique du Sud a saisi la Cour pénale internationale (CPI) à la fin du mois de décembre 2023 pour dénoncer, selon elle, le caractère génocidaire de la guerre conduite à Gaza ; et la CPI a rendu un premier avis fin janvier, considérant que cette accusation était plausible. Plus récemment, elle a choisi d’émettre des mandats d’arrêts internationaux contre Benjamin Netanyahou et son ministre de la Défense Yoav Gallant, d’une part, Ismaïl Haniyeh, chef de la branche politique du Hamas, Yayah Sinouar, chef du Hamas à Gaza, et Mohammed Deïf, chef de la branche armée, d’autre part. Les motifs évoqués pour justifier l’émission de ces mandats d’arrêts sont, certes, différents entre Palestiniens et Israéliens. Néanmoins, en choisissant d’émettre ces mandats de façon concomitante, elle met les leaders israéliens et ceux du Hamas dos à dos, renvoyant implicitement à l’idée que massacres du 7 octobre et conduite de la guerre menée par Israël relèvent du même registre.
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