Cette semaine, dans son édito du lundi, le général Pellistrandi revient sur les dernières avancées de la guerre en Ukraine avec, notamment, l'attaque ukrainienne dans la région de Koursk, en Russie, près de la frontière. Audacieuse, cette attaque démontre une nouvelle faiblesse du Kremlin.
Éditorial – Nouvel échec pour Vladimir Poutine (T 1624)
Kremlin.ru, CC BY 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/4.0>, via Wikimedia Commons
Après plus de 900 jours d’une « opération spéciale militaire » qui ne devait durer que quelques semaines, la Russie de Vladimir Poutine est désormais la cible d’une offensive ukrainienne audacieuse et inédite, permettant à Kyiv de planter son drapeau sur le territoire russe. Après près de deux semaines de combats, les forces ukrainiennes contrôlent plus de 1 000 km2 dans l’Oblast de Koursk, ayant pénétré jusqu’à plus d’une trentaine de kilomètres dans la profondeur.
Certes, l’objectif de Kyiv n’est pas d’aller jusqu’à Moscou, ce qui est militairement impossible, mais plutôt d’obtenir un gage territorial suffisamment significatif pour obliger le Kremlin à bouger. Car, jusqu’à présent, Vladimir Poutine n’a considéré des discussions avec l’Ukraine que sous l’angle d’une capitulation pure et simple et d’une soumission type biélorusse. Avec ce succès – certes très fragile –, Kyiv a bien joué et a réussi à déstabiliser à la fois le commandement russe aveugle et incapable de protéger le sol russe et bien sûr l’autorité politique de Vladimir Poutine, Tsar bien isolé, y compris sur la scène internationale, même s’il vient d’effectuer un voyage officiel en Azerbaïdjan. Bien sûr, le rapport de force reste très en faveur de la Russie qui dispose de suffisamment de moyens pour réduire la poche ainsi formée. Encore faut-il y arriver avec un dilemme tactique réel pour les officiers russes : ceux-ci n’ont aucun état d’âme à réduire en cendres les localités ukrainiennes et à bombarder les infrastructures civiles du pays. Peuvent-ils cependant faire de même sur leur propre territoire et transformer chaque bourgade russe autour de Koursk en un champ de ruine façon Marioupol ou Grozny ?
Pour Kyiv, il va également falloir trouver un compromis tactique pour éviter de voir ses forces écrasées sous le feu russe et conserver cette portion de territoire en vue d’une éventuelle négociation ; car il ne faut pas oublier que le front du Donbass reste actif et que, là, les Ukrainiens sont sur la défensive et doivent céder du terrain. Néanmoins, l’audace ukrainienne est globalement payante et pourrait permettre à Kyiv d’aborder l’hiver dans de meilleures conditions qu’il y a un an après l’échec de la contre-offensive de l’été 2023 et un printemps dramatique avec, notamment, la crise des munitions.
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