Le général Pellistrandi salue la première sortie à la mer de la Frégate de défense et d'intervention (FDI) Amiral Ronarc'h. Attendue, cette sortie montre le savoir-faire français et la préparation constante des armées françaises aux menaces qui entourent la sécurité internationale.
La FDI Amiral Ronarc’h entame ses essais à la mer (T 1641)
Première sortie à la mer pour la frégate de défense et d’intervention Amiral Ronarc’h © Marine nationale
En 2009, alors que la Marine nationale était engagée dans le programme des Frégates multi-missions (FREMM) avec d’abord dix-sept unités prévues, celui-ci est brutalement réduit à huit navires, abaissant la capacité opérationnelle de la Marine nationale à quinze unités dites de premier rang. La tête de série, l’Aquitaine, est mise sur cale en 2007 ; en 2010, elle est mise à flot et entame ses essais en 2011. Réceptionnée par la Marine nationale en 2012, elle est admise au service actif en 2015. Huit FREMM dont deux spécialisées dans la défense anti-aérienne sont désormais opérationnelles et ont démontré des capacités remarquables, y compris dans des actions de combat, en particulier en mer Rouge.
Très vite cependant, dès 2013, il est apparu nécessaire de lancer une nouvelle classe de frégates, d’abord appelées Frégates de taille intermédiaire (FTI), rebaptisées Frégates de défense et d’intervention (FDI) avec un double objectif : remplacer les Frégates type La Fayette (FLF) et proposer à l’exportation un navire moins complexe que les FREMM.
Le programme des FDI a été notifié en avril 2017, avec cinq exemplaires pour la Marine nationale et la découpe de la première tôle est intervenue le 24 octobre 2019 à Lorient. La tête de série baptisée Amiral Ronarc’h a d’emblée connu les difficultés liées à la pandémie de Covid-19, impactant lourdement et durablement le chantier. La mise sur cale a eu lieu le 16 novembre 2021 et la mise à l’eau le 7 novembre 2022. Les retards ont été assez importants, en grande partie liés à la pandémie et ses conséquences sur la supply chain mais aussi sur la complexité d’un bateau très novateur, à commencer par son étrave inversée et sa mâture radar. Un autre facteur ayant retardé le programme est le manque de techniciens qualifiés notamment les chaudronniers et les électriciens, un défi permanent pour Naval Group.
Le début des essais à la mer ce lundi 7 octobre marque donc une étape décisive – et nécessaire en termes de communication – pour le programme avec une première phase liée à la plateforme puis la seconde dédiée au système d’arme particulièrement performant, avant une livraison à la Marine nationale à l’été 2025. Une dizaine de séquences à la mer est donc prévue dans les prochains mois depuis Lorient.
Sept ans après le lancement officiel du programme, cette première sortie à la mer constitue une véritable satisfaction, concrétisant enfin la réalité du projet et ouvrant désormais de nouvelles perspectives notamment à l’exportation.
La FDI a d’ores et déjà été commandée en trois exemplaires par la Grèce et la deuxième de série, le Kimon, actuellement en achèvement à flot est destinée à la marine grecque avec des essais au printemps 2025, repoussant de facto la deuxième FDI, Amiral Louzeau, pour la Marine nationale, dont la livraison est prévue en 2027. Les exemplaires 2, 3 et 4 sont, en effet, grecs ; et Athènes a entamé des discussions pour l’acquisition d’une quatrième FDI.
La Norvège a aussi exprimé son intérêt pour la FDI, devant renouveler sa flotte avec cinq ou six navires à acquérir. Le début des essais à la mer était donc attendu avec impatience pour pouvoir démontrer la qualité des FDI et leurs capacités opérationnelles. Naval Group a d’ailleurs entamé des études pour proposer une version allongée des FDI et renforcer encore plus les armements embarqués.
Une autre question est également à venir et concerne le format des quinze frégates de premier rang pour notre marine qui se révèle bien trop insuffisant pour faire face aux engagements actuels et futurs. Déjà, le retard des FDI contraint à maintenir les FLF et à les moderniser (entrée en service entre 1996 et 2001) pour dépasser les 30 ans de service. La prochaine Loi de programmation militaire (LPM) au-delà de 2030 devra trancher, en pouvant s’appuyer sur le programme des FDI qui sera alors arrivé à maturité et qui pourrait être prolongé.
Pour le moment, il faut souhaiter bon vent à la FDI Amiral Ronarc’h et des essais démontrant que les choix audacieux effectués apportent une véritable plus-value opérationnelle. ♦