Alors que l'échéance de l'élection présidentielle américaine, opposant l'ancien Président, Donald Trump, et l'actuelle Vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, approche, les incertitudes sont à leur paroxysme. Jamais le sort d'une élection présidentielle américaine n'avait été si incertain (les sondeurs estiment le résultat à près de 50-50) et les décisions des Swing States seront, plus que jamais, scrutés de part en part. Face au désordre international actuel, jamais une élection américaine n'aura été si importante, pouvant avoir des conséqunences sur la guerre en Ukraine, au Moyen-Orient, en Amérique du Sud ainsi qu'en Asie.
Présidentielle américaine : encore deux semaines ! (T 1644)
(© ORG / Adobe Stock - Généré par IA)
Si, tous les quatre ans, le premier mardi du mois de novembre marque une échéance importante dans le calendrier international, jamais ce 5 novembre ne sera aussi essentiel pour les affaires du monde. L’incertitude entourant le résultat des élections américaines plonge de nombreuses capitales, dont Paris, dans une forme d’« apnée » politique et diplomatique tant les enjeux sont essentiels à l’international. Les sondages ne parviennent pas à dégager une tendance claire entre le candidat Donald Trump avide de prendre sa revanche et sa concurrente Kamala Harris dont l’entrée en campagne avait bien démarré mais qui patine actuellement.
Les États-Unis sont effectivement clivés en deux camps qui paraissent désormais irréconciliables avec des visions plus que divergentes sur l’avenir de leur pays et sur la façon dont il doit conduire ses affaires. Entre un isolationnisme agressif et brutal et un traditionnel leadership au nom d’un messianisme historique, toutes les options sont possibles.
Les conséquences internationales sont, cependant, déjà très sensibles. De nombreux dirigeants ont le calendrier américain en ligne de mire sur leur bureau. Pour Vladimir Poutine, une victoire de Donald Trump serait du pain béni, dans la mesure où celui-ci s’est promis d’arrêter la guerre en 24 h en « dealant » avec le maître du Kremlin sur le dos de l’Ukraine qui serait de facto amputé de 18 % de son territoire, violant ainsi le droit international et sans de réelles garanties de sécurité mais aussi en passant par-dessus les Européens. Trump déteste l’Union européenne et fera tout pour la marginaliser en préférant le bilatéral. Pour l’Otan, ce sera plus délicat, car le Pentagone et les industriels américains y tiennent. D’ici là, il s’agit pour les troupes russes – et peut-être nord-coréeennes – de gagner un maximum de terrain, quitte à y sacrifier des centaines de fantassins.
Au Proche et Moyen-Orient, là encore, certains misent sur la victoire du Républicain, à commencer par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, dans sa « croisade » contre l’Iran. Une victoire de la candidate démocrate serait en effet plus difficile à digérer car elle pourrait faire davantage pression que l’administration Biden en fin de course. Là encore, les jours à venir seront décisifs. Il faudra bien à un moment que le gouvernement israélien accepte de parler de l’après et ne pas se contenter de faire la guerre.
Pékin observe de très près le processus électoral américain et se garde bien de tout commentaire ambigu. Il s’agit de préserver le lien économique, indispensable à la nécessaire croissance de l’économie chinoise et de ne pas se brouiller avec Washington tout en réaffirmant ses droits sur Taïwan. L’inquiétude est, en revanche, réelle à Tokyo et Séoul où la garantie du parapluie militaire américain pourrait être remise en cause ; d’où une course aux armements déjà bien engagée et privilégiant l’achat d’armements américains pour ménager l’allié. Cette course pourrait d’ailleurs porter un jour sur le nucléaire militaire.
Pour le continent africain, le désintérêt des États-Unis restera une constante à part la préservation d’intérêts spécifiques. Le retrait du Niger a bien démontré le peu d’importance que jouait l’Afrique dans le système militaire américain, celui-ci disposant néanmoins de points d’appui lui permettant de recueillir le renseignement dont il a besoin.
Quant à l’Amérique du Sud, si le président argentin pouvait se réjouir d’une victoire de Donald Trump, il n’en serait pas de même pour son homologue brésilien, Lula, ou la nouvelle présidente du Mexique au regard de la question migratoire, un des points essentiels de la campagne du candidat républicain.
Jamais une élection américaine n’aura été aussi décisive pour le monde entier avec des enjeux vertigineux et une vraie difficulté à envisager le jour d’après. Va-t-on voir le rapport de force devenir la règle des relations entre États ? Quelle place pour l’ONU et les organisations internationales ? Quelle vision de la démocratie pour le ou la future locataire de la Maison Blanche ? Quelle relation transatlantique ? Quelle relation avec les « hommes forts », de Poutine à Erdogan, en passant par Kim ou Xi ?
Autant de questions, d’interrogations sur la table sans beaucoup de certitudes. La seule chose dont on soit sûrs est que le 5 novembre sera un moment capital dans l’histoire mouvementée du monde. ♦