La lecture du livre de Pascal Picq permet de revenir sur le déterminisme de l’histoire. Elle met en honneur un darwinisme fécond qui fait de l’évolution la conséquence d’une diversité régie par les principes de variation et de solution. Cette approche est utile au moment où se fissurent les approches linéaires d’un Occident rêvé.
Darwin stratège : Réflexions sur l’ouvrage de Pascal Picq : Un paléoanthropologue dans l’entreprise. S’adapter et innover pour survivre (T 141)
Réflexions sur l’ouvrage de Pascal Picq : Un paléoanthropologue dans l’entreprise. S’adapter et innover pour survivre ; Eyrolles, 2011 ; 256 pages.
Un soir sous la couette, regardant un documentaire dont un des intervenants était Pascal Picq, une amie m’interrogea : « On fait comment pour enseigner au Collège de France ? – On rend ses auditeurs plus intelligents, au sens où non seulement ils apprennent mais ils comprennent ». Démonstration fut faite au bout d’une heure. Quelque temps après, à un salon du livre à Toulon, le hasard fit que je me trouvai seul à dîner avec Pascal Picq et Boris Cyrulnick. Je pense inutile de préciser le souvenir que je garde de cette heure passée à les écouter.
Que dire de plus pour inciter à lire cet ouvrage qui se place dans une déjà longue succession d’essais et de conférences (et c’est le seul léger reproche que je ferai, celui d’être structuré comme une suite d’interventions) ? En quatrième de couverture, on lit ce résumé : « la théorie de l’évolution au secours de la crise entrepreneuriale et économique ». Un titre un peu plus alléchant serait « Darwin entrepreneur », comme l’a fait Le Monde dans sa présentation de l’ouvrage et même « Darwin Stratège ». Car même si on n’y trouve aucun programme clefs en main pour une sortie de crise(s), il est d’une brûlante actualité ne serait-ce que dans son explication de l’échec du modèle totalisant et déterministe hérité de Laplace et Lamarck. Ce monde, notre monde, n’a pas vu arriver les dragons asiatiques ni la Chine, encore moins les printemps arabes, il n’a pas anticipé la crise alimentaire ni la crise énergétique (les altermondialistes diront qu’il les a même provoquées) ; il est pris de court par la réapparition de maladies éradiquées qui resurgissent à quelques lieues des Champs-Élysées, tuberculose ou rougeole, là où, sur le bord des voies de RER et les berges de la Seine ou de la Marne, réapparaissent ces bidonvilles d’un autre temps.
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