Cette semaine, après les troisièmes rencontres stratégiques franco-italiennes, le général Pellistrandi insiste sur la nécessité pour l'Europe continentale et l'Union européenne de renforcer leurs liens en matière de défense pour faire faces aux nouveaux défis contemporains. En effet, alors que Donald Trump se targuait, pendant sa campagne électorale de ramener la paix entre la Russie et l'Ukraine en 24 heures, forces est de constater que les négociations sont de nouvau au point mort et que les tensions reprennent de plus belle. La Russie mène une guerre hybride contre l'Union européenne et elle seule peut y répondre.
Éditorial – La paix en 24 heures ? (T 1698)
Le président des États-Unis Donald Trump reçoit le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche, le 28 février 2025. © United States' Government Work / The White House / Flickr)
Editorial —Peace within 24 hours?
This week, after the third Franco-Italian strategic meetings, General Pellistrandi emphasized the need for continental Europe and the European Union to strengthen their defense ties to face new contemporary challenges. Indeed, while Donald Trump boasted during his election campaign of bringing peace between Russia and Ukraine within 24 hours, it is clear that negotiations are once again at a standstill and tensions are rising again. Russia is waging a hybrid war against the European Union, and only it can respond.
Tout au long de sa campagne électorale, Donald Trump n’a cessé de répéter qu’il réglerait le conflit entre la Russie et l’Ukraine en 24 heures et que, de toute façon, s’il avait été réélu en 2020, cette guerre n’aurait jamais eu lieu… Plus de deux mois après son arrivée à la Maison Blanche, force est de constater qu’il est beaucoup plus difficile de négocier avec Vladimir Poutine que de faire du business dans l’immobilier aux États-Unis…
Pendant ce temps-là, la guerre continue voire s’amplifie, avec Moscou qui fait semblant de discuter tout en maintenant ses exigences de 2022 dans leur intégralité, y compris en voulant un changement de régime imposé à Kiev. La dernière proposition d’une administration provisoire confiée à l’ONU est d’une brutalité sans nom et d’une violence à l’égard de l’Ukraine, dont on comprend bien qu’aux yeux du maître du Kremlin, elle n’a aucune souveraineté et aucune légitimité à exister en tant qu’État souverain, démocratique et indépendant. Contrairement à ce que pouvaient laisser entrevoir les premiers échanges entre Russes et Américains, Moscou n’a, à aucun moment, engagé de désescalade, qui aurait signifié une première étape vers une volonté de trouver un règlement positif. Vladimir Poutine recherche toujours la défaite militaire de l’Ukraine, lui permettant alors un asservissement définitif.
Alors que les jours passent sans réelle avancée diplomatique, on peut désormais considérer que les prochaines étapes seront plus compliquées, plus brutales et traduiront le partage du monde en zones d’influence, faisant reculer profondément le droit international.
Il suffit de voir ce qui se passe avec le Groenland et l’obsession trumpienne pour une annexion pure et simple, au détriment du Danemark, pourtant un des alliés européens les plus fidèles et pour qui la potion doit être particulièrement amère. Il en est de même avec les ingérences dans les entreprises européennes et les critiques systématiques des Européens et de l’Union européenne qui seraient la cause des problèmes des États-Unis. Tous ces éléments ne viennent pas faciliter la tâche des diplomates et traduisent également l’aveuglement de Washington sur les conséquences à long terme d’une telle attitude. À cet égard, le sommet de l’Otan en juin prochain à La Haye (Pays-Bas) risque d’être particulièrement compliqué et tendu, alors que personne n’est capable de dire quel sera l’état des relations transatlantiques au début de l’été.
Cela signifie et exige plus d’Europe pour pouvoir peser un minimum. C’est un des enseignements tirés de la troisième rencontre stratégique Italie-France organisée à Rome la semaine dernière par La Vigie et Limes, un think tank italien. Plus que jamais, il est nécessaire de dialoguer davantage et de mieux se connaître. Ainsi, les interlocuteurs italiens ont souligné leurs inquiétudes sur les tensions dans les Balkans, un dossier bien peu médiatisé et pourtant sensible, qui s’inscrit pleinement dans la politique de déstabilisation largement entretenue par Moscou dans cette région. Les crises – voire les guerres – que nous connaissons actuellement exigent encore plus de dialogue avec nos partenaires européens pour faire face aux menaces directes et indirectes.
Là encore, chaque semaine (chaque jour !), apporte son lot de surprises stratégiques avec le mélange complet entre le temps médiatique où la part du show est devenue centrale à Washington et le temps long dont il faut bien reconnaître que le Kremlin sait le maîtriser avec un art accompli.