Si la Royal Navy doit faire face aujourd’hui à d’importantes ruptures capacitaires, c’est aussi qu’elle a rendez-vous dans une dizaine d’années avec une puissance aéronavale renouvelée. Plus que jamais, une marine de guerre est le marqueur d’une ambition nationale et cela vaut pour la Marine nationale dont la modernisation ne peut s’interrompre.
« Le format et les capacités de la Marine baromètre de l’ambition nationale » (T 262)
Venant du Chef d’état-major de la Marine du Royaume-Uni, pays dont la vocation maritime n’est pas discutable, cette affirmation qui constitue le titre de la réflexion qui suit semble relever du bon sens. Il suffit pourtant d’observer la situation dans laquelle se trouve la Marine britannique aujourd’hui pour comprendre qu’elle sonne aussi comme un signal d’alerte.
Dans la National Security Strategy publiée en 2010, la crise économique est identifiée par le gouvernement britannique comme la menace stratégique majeure pesant sur la sécurité de la Nation. C’est dans ce contexte que la Strategic Defence and Security Review de 2010 (SDSR 10) a fixé le cap à suivre par les Forces armées, traduction d’un équilibre fragile entre maintien d’un niveau d’ambition élevé et réalisme budgétaire. Pour répondre à cette exigence, le Royaume-Uni a pris des mesures radicales à forte visibilité en faisant le choix de mettre en sommeil certaines capacités, notamment maritimes et de réduire les effectifs des trois armées. Pour la Royal Navy, il ne s’agit pas de « vacances navales » à proprement parler mais l’ambition navale britannique se retrouve, de fait, partiellement placée sous cocon depuis deux ans et pour les six années à venir.
Alors qu’est ouvert en France le chantier d’un nouveau Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale dans un contexte budgétaire contraint, l’exemple donné par le Royaume-Uni devrait nous préserver de décisions radicales concernant les capacités et le format de notre Marine.
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