La création d’un doctorat professionnel permettrait aux officiers brevetés de l’École de Guerre de renforcer le potentiel de doctorants experts en défense. L’accroissement de la population des docteurs parmi les cadres militaires de haut niveau du ministère de la Défense et le ministère de l’Intérieur serait un gage d’expertise et de rayonnement au-delà de la communauté militaire et de sécurité. Elle faciliterait la production interne d’une réflexion de niveau académique et stratégique.
Un doctorat professionnel pour le haut encadrement militaire (T 323)
À la veille des cérémonies du 14 juillet 2012, le Président de la République a annoncé sa décision de lancer la préparation d’un nouveau Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale. Il doit en résulter la définition de la stratégie nationale et des capacités nécessaires dans les quinze à vingt ans à venir en matière de défense et de sécurité pour répondre aux multiples défis auxquels la France est confrontée dans un monde particulièrement instable. C’est dans ce contexte que se pose la question, pour les hauts dirigeants militaires, de la mise en place d’un nouvel outil leur permettant de mieux porter les enjeux de défense au-delà de la sphère militaire et de sécurité proprement dite.
La mise en place d’un doctorat professionnel doit ainsi être envisagée comme un vecteur permettant de concilier la dualité bergsonienne : « agir en homme de réflexion, réfléchir en homme d’action ». Les cadres dirigeants des trois armées et de la Gendarmerie nationale réalisent tous un parcours professionnel alternant des commandements opérationnels divers et des affectations au sein de l’Administration centrale, celle-ci étant entendue au sens large. Ils disposent d’une expertise réelle dans leur champ de compétence propre. Le retour récent au nom originel de l’École de Guerre (EdG) confère, par ailleurs, une reconnaissance plus grande aux officiers qui en sont issus, notamment à l’endroit des « leaders d’opinion » du monde civil.
Pour autant, force est de constater que la majorité des officiers possède, d’un point de vue universitaire, au maximum un master II, au sein du triptyque « licence-master-doctorat (LMD) ». Ainsi, ils ne contribuent pas ou peu à la réflexion universitaire de l’école doctorale qui les concerne, d’une part et n’atteignent pas le plus haut grade universitaire, celui de « docteur », d’autre part. Cela ne favorise pas leur rayonnement de chef militaire de haut niveau et, partant, celui de leur armée d’origine ou de la Gendarmerie nationale, dans un contexte de qualification toujours plus élevé chez leurs interlocuteurs institutionnels français ou leurs homologues étrangers, notamment anglo-saxons.
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