La conquête des cœurs n’est pas le fondement de la présence et de l’action des officiers engagés en Afghanistan. La guerre est un caméléon qui exige des forces souples et équipées. Mais elle ne doit pas dissoudre l’efficacité de soldat dans des modes opératoires qui ne doivent être que des adjuvants.
Gagner les cœurs ? (T 26)
Le numéro spécial 2010 (sur le colloque international du 23 novembre 2009) du Centre de doctrine d’emploi des forces (CDEF) de l’Armée de terre, a pour sujet « des armes et des cœurs, les paradoxes de la guerre d’aujourd’hui ». Sa lecture peut laisser perplexe.
Il parait en effet dangereux de laisser s’installer dans l’esprit des officiers engagés en Afghanistan, que la conquête des cœurs est une mission sacrée, l’alpha et l’oméga de leur présence et de leur action. La manifestation de l’empathie vis-à-vis de l’étranger casqué est une affaire beaucoup trop ambiguë, subtile et fragile pour accepter de s’en laisser compter par les faiseurs de « prêt à porter » en matière de doctrine. Fussent-ils adoubés par le « Yes you can » du moment.
« Gagner les cœurs » ne doit être qu’un procédé additif dont le but, tout cynisme déployé, serait de soulager si faire se peut la pression ennemie sur nos forces, de donner un vernis « grande cause humanitaire » à une affaire qui l’est généralement beaucoup moins, de préparer à terme un désengagement pirouette du genre « la démocratie est de retour, débrouillez-vous sans nous, et passons à la suivante ». Mais, il est avant tout utile pour contenir dans des limites acceptables la fâcheuse habitude des troupes, quant elles sont d’un aloi douteux, de tirer sur tout ce qui bouge.
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