La criminalité organisée dispose de capacités d'action de type militaire entrant désormais en confrontation avec les forces armées déployées en opération extérieure. De nouveaux modes d'action doivent ainsi être développés pour garantir à nos unités de conserver leur liberté d'action face à ces entités criminelles.
Organisations criminelles et opérations militaires (T 671)
Criminal organizations and military operations
Organized crime has military-type capabilities that now come into confrontation with the armed forces deployed in external operations. New modes of action must be developed to ensure that our units retain their freedom of action against these criminal entities.
Le 14 mai 2015, au sud de la Passe de Salvador au Nord du Niger, l’Armée française a saisi 1,5 tonne de cannabis, des armes de guerre et des moyens de communication (voir à ce sujet, l’article de Laurent Lagneau). Après avoir été parachutés dans la nuit du 9 au 10 mai, les légionnaires du 2e REP (une compagnie, ainsi que des éléments du 1er RHP et des soldats nigériens) ont dû riposter aux tirs de deux pick-up tentant de forcer le point de contrôle établi, tuant 3 des occupants et capturant 3 autres. Les trafiquants étaient armés de PKM (mitrailleuse soviétique adaptée de la Kalachnikov) et d’AK-47. S’il n’y a pas eu de blessés côté français, il s’agissait tout de même d’une opération de combat faisant suite à une opération précédente dans la même zone.
Déjà au mois d’avril, les mêmes éléments étaient intervenus sur la passe de Salvador et avaient, cette fois-ci, permis de repérer et détruire 3 plots logistiques de 25 fûts d’essence (utilisés) ainsi que de la nourriture, mais sans combat. Cependant, des « individus suspects » avaient été interpellés. Depuis sa projection la force Barkhane, positionnée à la zone frontière Algérie/Libye/Niger/Tchad, a multiplié les contrôles, fouilles, interceptions et accrochages, confirmant s’il en était besoin l’importance de ces voies de transit dans le désert, tant en personnels que matériels et approvisionnements.
Si dans ces cas précis, il n’y a pas, pour l’instant, de preuve d’un lien (coopération régulière voire subordination) entre les différentes organisations (criminelles et terroristes), on peut a minima avancer l’hypothèse qu’elles se côtoient dans la même « zone d’opérations ». Compte tenu de leurs objectifs, moyens et donc modes d’action, ces organisations doivent être considérées de la même manière, à savoir un « ennemi » (au sens de la conception des opérations). Les organisations criminelles, armées, doivent assurer la sécurité de leurs axes de progression, leur liberté de manœuvre tout en préservant leurs potentiels.
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