Plus de 500 militaires de l’Armée de terre française, suivis pour des troubles psychiques post-traumatiques, sont en attente de reconversion professionnelle. L’avenir de ces âmes blessées est désormais entre les mains d’une cellule spéciale : la Cabat (Cellule d'assistance aux blessés de l'Armée de terre).
Les revenants (T 815)
Ghosts
More than 500 soldiers of the French Army, followed for post-traumatic mental disorders, are waiting for professional reconversion. The future of these wounded souls is now in the hands of a special cell: Cabat (Cellule d'assistance aux blessés de l'Armée de terre).
Ils ont côtoyé l’horreur des combats, celle qu’on ne voit pas au Journal télévisé de 20 heures, celle du frère d’armes gisant éventré au bord d’une route afghane après avoir sauté sur une mine. À leur retour, après parfois plusieurs mois, beaucoup de vies basculent. Certains fondent en larmes au moindre claquement de pétard dans la rue. D’autres passent leurs nuits d’insomnie à monter la garde dans leur salon, attendant l’attaque d’un ennemi imaginaire. Au bout du chemin, il peut finalement y avoir la tentative de suicide.
De la guerre, les soldats reviennent souvent blessés. Dans leur corps. Dans leur tête aussi. Des « blessures invisibles » de plus en plus fréquentes à mesure que les opérations extérieures se multiplient. Car personne, pas même les professionnels, n’est véritablement préparé à côtoyer de si près la mort. À la rencontrer. À la prendre de plein fouet. Ces maux, peu connus et difficiles à traiter, sont longtemps restés tabous pour les militaires. Il ne faut pas briser le mythe du héros de guerre ! En parler est au mieux difficile, le plus souvent impossible. Un phénomène qui porte désormais un nom, « blessure psychique », et qui mobilise depuis plusieurs années le ministère de la Défense. Alors oui, médicalement, ces hommes en souffrance sont aujourd’hui mieux pris en charge mais beaucoup reste encore à faire pour leur réadaptation sociale et professionnelle.
C’est en effet une erreur que de croire le retour du soldat blessé dans son unité d’origine réellement envisageable. Même s’il permet à l’institution militaire, par des emplois spécialement aménagés, de témoigner de sa reconnaissance et qu’il répond le plus souvent au désir de l’intéressé lui-même, impatient de retrouver ses camarades, l’intensité de l’activité opérationnelle du régiment peut conduire à une stigmatisation de la différence psychologique. Le risque est réel. Et le retour au quotidien peut devenir rapidement insupportable. La seule solution reste alors la rupture : quitter l’armée, mais pour aller où ?
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