La question européenne est un enfer pavé de bonnes intentions. À travers l’analyse de plusieurs ouvrages récemment parus, la construction de l’Europe reste un parcours compliqué, chaotique mais pourtant nécessaire. Alors que les négociations autour du Brexit viennent de débuter, approfondir le débat reste essentiel pour dépasser les passions ou les idées toutes faites sur l’Europe et son avenir.
Parmi les livres - Où va l’Europe en 2017 ? (T 908)
Among the books—Where is Europe going in 2017?
The question of Europe is a hell paved with good intentions. Through the analysis of several recently published books, the construction of Europe remains a complicated, chaotic but necessary process. While the Brexit negotiations have just begun, deepening the debate remains essential to overcome passions or ideas about Europe and its future.
Un an après le vote du 23 juin 2016 en faveur du Brexit, le revers électoral de Theresa May a rendu les perspectives de celui-ci encore plus troubles : Bruxelles, l’arme au pied, ne sait pas si Londres entend s’orienter vers un « hard » ou un « soft » Brexit. L’incertitude est d’autant plus grande que jusqu’en mai 2019, le temps est compté. Le second tour du scrutin présidentiel français (7 mai 2017), en assurant une large victoire à Emmanuel Macron, candidat assurément le plus européen, a pourtant rassuré les milieux européens tant à Bruxelles que dans les capitales les plus attachées à voir se poursuivre la construction européenne. Celle-ci, malgré ses imperfections et ses insistances maintes fois dénoncées, reste le seul élément susceptible de garantir aux peuples européens, paix, sécurité et prospérité, tout en leur permettant de peser sur la scène internationale, là où les Grands (États-Unis, Chine, Russie, Japon et bientôt Inde) mettent en avant leurs intérêts nationaux.
Assistera-t-on à un tournant dans le lent processus de construction européenne, après cette prise de conscience émanant de la toujours prudente Angela Merkel ? « Le temps où nous pouvions totalement nous reposer sur d’autres est en partie révolue. Je l’ai expérimenté ces derniers jours. C’est pourquoi, nous, les Européens, nous devons vraiment prendre en main notre propre destin » (Discours du 28 mai, à Munich devant les militants de la CDU). Maints ouvrages nourrissent la réflexion en ce sens.
Quel régime politique pour l’UE ?
Auteur de l’ouvrage Le régime politique de l’Union européenne, Paul Magnette, homme politique belge de langue française, membre du Parti socialiste et professeur de science politique à l’Université libre de Bruxelles (ULB), a fait parler de lui en tant que ministre-président de la Wallonie et bourgmestre de Charleroi. Il s’est en effet opposé un moment à la ratification du Traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA), aboutissement de dix-huit ans de négociation. Par ce geste spectaculaire, il montrait qu’un Parlement régional avait son mot à dire dans l’adoption des accords commerciaux, domaine de compétence transféré par les États à la Commission européenne. Cette prise de position fut l’incarnation vivante de la démocratie européenne, au moment où l’on accusait l’Europe d’en être dépourvue.
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