Le tour de France est une épreuve sportive éminemment populaire, mais c’est aussi une véritable histoire de notre pays et de la construction européenne, reflétant la géopolitique du Vieux continent depuis 1903.
Le Tour de France : un objet géopolitique (T 910)
The Tour de France: a geopolitical object
The Tour de France is an eminently popular sporting event, but it is also a true story of our country and the European construction, reflecting the geopolitics of the Old Continent since 1903.
Chaque été, près de 12 millions de spectateurs se rendent sur la route du Tour pour assister à l’événement sportif le plus médiatique après les Jeux olympiques (JO) et le Mondial de football. On estime à près de 3 milliards de téléspectateurs qui, durant le mois de juillet, regardent avec intérêt ce monument du sport, véritable mémoire depuis 1903 de la géopolitique européenne. L’intérêt est d’ailleurs encore plus grand lorsque, comme cette année, il n’y a pas d’autres grandes compétitions sportives en concurrence. Créé par Henri Desgrange, le propriétaire du journal L’Auto (1), le Tour n’est pas qu’un événement sportif. Il est le reflet de l’évolution de la société française, des innovations qui ont marqué la vie quotidienne et de l’état de l’Europe.
La genèse du Tour : l’affirmation nationale
Ainsi, dès 1905, le Tour va passer au Ballon d’Alsace lors de l’étape Nancy-Besançon, longue de 299 km, témoignant du fait que la France n’oubliait pas ses provinces annexées en 1871 par le Reich allemand. Le baron Ferdinand von Zeppelin (1838-1917) s’était impliqué pour permettre à l’épreuve de traverser la région. Le Ballon d’Alsace figure au programme dans l’édition suivante avec l’étape Nancy-Dijon longue de 416 km ! En 1907 et 1910, le Tour fait étape à Metz, mais l’enthousiasme populaire permettant de rappeler aux autorités allemandes les racines françaises est tel que Guillaume II interdit le passage à partir de 1912.
Dans un contexte de montée des périls, le Tour 1914 démarre le 28 juin, le même jour que l’assassinat à Sarajevo de l’archiduc François-Ferdinand et de son épouse. Il passe à Genève (Suisse), où il était passé l’année précédente. À peine achevé le 26 juillet, c’est le début de la Première Guerre mondiale avec la mobilisation et de nombreux coureurs ont alors rejoint leurs unités. Tout au long du conflit, le journal donnera régulièrement de leurs nouvelles.
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