Editorial
Défense nationale et sécurité collective first appeared in May 1939 as Revue des questions de défense nationale. Presenting the journal, the management committee wrote: ‘The current threats to peace make it a duty, more than ever before, of all those preoccupied by the country’s security and its standing in the world to turn their minds to the vital questions whose solution affects national defence.’
Interrupted by the war, publication resumed in September 1945, the title becoming the Revue de défense nationale with the declared aim: ‘. . . to stir up ideas that can help in building the future. It will be open to contributions in all fields from people of goodwill who care for the grandeur and security of France.’
So, after nearly seventy years, the journal sustains and spreads French strategic thinking that aims to be original, open and independent. Among the many publications dealing with society, geopolitics or philosophy, it is the only one to keep alive the torch of French thinking on defence and security issues.
Today, as I take over that torch as Chairman of the Committee for National Defence Studies, from which the journal emanates, I would like first of all to pay tribute to General Christian Quesnot who for eight years, aided by a team led by Admiral Georges Girard, developed and broadened the field covered by our publication and widened its circulation, with a recognition of the concept of overall security, the introduction of an English edition and the digitization of past issues, to take just a few examples of initiatives taken during those years.
And then there is our excellent board, which has always supported and participated in this process of reaffirming a type of strategic thinking that is specifically French.
However, this is a changing world, and the journal has to anticipate clearly these changes to be able to keep the public informed and help influence decision-making. More than ever, the need for independent French strategic thinking is necessary.
That thinking has widened considerably, on the one hand on the national level with the concept of overall security and the securitydefence continuum, and on the other with the construction of Europe and globalisation. So it is a question of preparing minds to better respond to these challenges. That preparation rests on a strategic culture that feeds constantly changing thought.
Two recent examples illustrate the pressing requirement for such thinking—Afghanistan and Georgia. In both cases the main feature was one of the first principles of strategy—surprise—and our vigilance was caught short. In Afghanistan we underestimated the enemy and in Georgia we were surprised by the reactions of the two main actors.
Too often trailing behind events, we are only capable of reproducing well-known plans and programming what is already past its sell-by date. The upheavals that we are seeing, on the geostrategic and financial levels as well as in society and the environment, call for a profound renewal of French strategic thinking. The stakes are high: if we want to avoid our world becoming a devastated universe we have to change, and in the first place that means taking a clear, realistic look at the world in the making.
The Committee for National Defence Studies and its journal, true to their historic mission, are therefore determined to play a central role. Our sole ambition is to think out our country’s strategic orientation, whether in a European or global framework, in a dynamic and original way.
La revue Défense nationale et sécurité collective voit le jour en mai 1939, sous le nom de Revue des questions de défense nationale. Dans sa présentation, le comité de direction déclare en préambule : « Les menaces qui pèsent sur la paix font plus que jamais un devoir à tous ceux que préoccupent la sécurité du pays et son rang dans le monde d’appliquer leur réflexion aux problèmes vitaux dont la solution commande la défense nationale ».
Interrompue par la guerre, la publication de la revue reprend en septembre 1945, elle devient la Revue de défense nationale et ses objectifs sont ainsi définis : « …remuer des idées qui puissent servir aux constructions de l’avenir. Elle sera ouverte à toutes les compétences et à toutes les personnes de bonne volonté qu’anime le souci de la grandeur et de la sécurité française ».
Ainsi, depuis près de soixante-dix ans, la revue anime et diffuse la réflexion stratégique française. Une réflexion qui se veut originale, ouverte et indépendante.
Parmi les nombreuses revues traitant de sujets de société, de géopolitique ou de philosophie elle est la seule à maintenir le flambeau d’une réflexion française consacrée aux questions de défense et de sécurité.
Aujourd’hui où je reprends ce flambeau comme président du Comité d’études de défense nationale dont émane la revue, je tiens tout d’abord à rendre hommage au général Quesnot qui pendant huit années, aidé par toute son équipe conduite par l’amiral Girard, a développé et élargi le champ de la réflexion et la diffusion de la revue : reconnaissance du concept de sécurité globale, lancement d’une édition en langue anglaise, numérisation du fonds des archives pour ne citer que quelques réalisations conduites au cours de ces années.
Je n’oublie pas le prestigieux conseil d’administration qui a toujours soutenu et participé à cette dynamique d’affirmation d’une pensée stratégique spécifiquement française.
Toutefois, le monde bouge et le monde change, la revue se doit d’anticiper avec lucidité ces changements pour informer les citoyens et permettre que soient prises les meilleures décisions. Plus que jamais la nécessité d’une pensée stratégique indépendante française s’impose.
Cette réflexion s’est considérablement élargie d’une part, au plan national avec le concept de sécurité globale, de continuum sécurité-défense et d’autre part, au plan international avec la construction européenne et la mondialisation. Il s’agit donc de préparer les esprits pour mieux répondre à ces défis. Cette préparation repose d’abord sur une culture stratégique qui nourrisse une pensée toujours en mouvement.
Deux exemples récents illustrent l’ardente obligation d’une telle réflexion. L’Afghanistan et la Géorgie. Dans ces deux cas le premier principe stratégique : la surprise a joué, notre vigilance a été mise en défaut. Pour l’Afghanistan nous avons sous-estimé l’adversaire et pour la Géorgie nous avons été surpris par les réactions des deux principaux protagonistes.
Trop souvent à la remorque des événements, nous ne savons que reproduire les schémas connus, programmer ce qui est déjà périmé. Les bouleversements que nous connaissons aussi bien aux plans géostratégique et financier, qu’aux plans sociétal et environnemental imposent un renouvellement profond de la réflexion stratégique française. L’enjeu est considérable. Si nous ne voulons pas faire de notre univers globalisé un univers dévasté, il nous faut nous transformer et pour cela, d’abord, porter un regard lucide et réaliste sur le monde qui se fait.
Dans cette perspective le Comité d’études de défense nationale et sa revue, fidèles à leur mission historique de diffuser et d’animer une réflexion stratégique française, sont déterminés à jouer un rôle essentiel. Penser le changement des orientations stratégiques de notre pays, de façon dynamique et originale, que ce soit dans un cadre européen ou mondial est toute notre ambition. ♦