Il y a 90 ans, la disparition du Maréchal Foch –
90 years ago, the death of Marshal Foch
90 years ago, the death of Marshal Foch
Le 20 mars 1929, le Maréchal Foch s’éteignait au 138, rue de Grenelle à Paris dans la résidence de l’Hôtel de Noirmoutier qui lui avait été attribué en 1919, aujourd’hui résidence du Préfet de Police de Paris (cliquez pour voir ses funérailles).
Né en 1851 à Tarbes, le polytechnicien a profondément marqué notre histoire militaire à la fois comme penseur de la tactique lorsqu’il était professeur à l’École supérieure de Guerre lorsqu’il y définit ses principes de la guerre, puis comme chef au combat lors de la Grande Guerre.
Son influence y a été décisive et il fut le premier commandant interallié à partir du printemps 1918 capable de fédérer les Alliés autour d’une stratégie commune destinée à achever le conflit. Foch a été et reste un de nos plus grands chefs militaires et sa pensée reste d’actualité même si les conditions du combat ont évolué depuis. Il est aussi un exemple d’un homme d’action doublé d’un homme de réflexion. Il est l’incarnation de ce que doit être un Chef de guerre, capable de voir au-delà de la ligne de crête.
En republiant la recension publiée en 1947 (page suivante) du livre du général Maxime Weygand, c’est aussi mettre en parallèle celui qui fut son plus fidèle adjoint durant la guerre et qui était comme sa doublure intellectuelle. C’est aussi souligné comment Foch a su tirer les leçons apprises depuis le 1er août 1914 avec toutes les souffrances endurées, le maréchal ayant lui-même perdu son fils et son gendre dès cette période, pour conduire les armées alliées à la victoire finale.
Général Weygand, de l’Académie Française : Foch ; Flammarion éditeur ; 370 p.
On avait déjà beaucoup écrit sur le maréchal Foch, avant 1939, en France et à l’étranger. Mais certains auteurs, dans leurs études, pensant mieux accuser les traits et le caractère de celui qui, par suite des circonstances, était demeuré assez éloigné des foules et qu’eux-mêmes avaient plus ou moins approché, usèrent surtout du mode anecdotique. Le vrai visage et la véritable action du vainqueur de 1918, loin de toute légende, restaient à retracer.
Le général Weygand, qui fut le plus proche collaborateur du Maréchal de 1914 à 1923, estimant que son témoignage personnel est dû à l’histoire, vient de s’y essayer. Dans des pages dépouillées de toute emphase mais pleines d’une piété attentive, nous suivons Ferdinand Foch, pas à pas, depuis le collège jusqu’au poste suprême, à travers ses commandements successifs de paix et de guerre ; nous assistons à la formation de sa doctrine dans la bataille de France. Nous revivons en détail les grandes phases de la campagne de 1914-1918, les succès qui les couronnèrent, les échecs qui parfois les terminèrent. Et toujours, au milieu des uns comme des autres, tout particulièrement le 26 mars 1918, apparaissent, indestructibles et vivaces, la volonté, la conviction, l’inspiration, le souffle, la flamme de ce chef prestigieux qui, demeurant supérieur aux événements, finalement les maîtrisa.
Pour achever, le général Weygand nous expose en détail les conditions dans lesquelles fut élaboré l’armistice de 1918, quelles furent, dans sa préparation, la part du chef militaire, celle des Gouvernements alliés qui, ainsi que cela leur revenait, assumèrent la responsabilité de ses clauses. Le heurt avec Clemenceau sur le problème de la frontière du Rhin, les inquiétudes dernières du Maréchal quant à l’avenir de notre organisation militaire, complètent cette fresque dans laquelle la vie de Foch et l’histoire de notre pays s’entremêlent et se fondent.
De ce livre, une haute leçon se dégage qui, pour devenir universelle, eut peut-être gagné à nous être présentée dans une sorte de synthèse ramassée et puissante plutôt que diluée dans le récit commenté de faits déjà connus. Elle est relative à ce que doivent être la formation, l’action et l’influence d’un grand chef digne de ce nom.
La vie du maréchal Foch a été tendue d’un bout à l’autre vers la recherche de ce qu’il appelait lui-même « la vérité guerrière ». Et c’est au prix d’un labeur acharné, après d’âpres débats intérieurs commencés dès l’École de Guerre et poursuivis dans l’isolement sur « les problèmes dont dépend le sort des patries », qu’il a réussi à fixer le fruit de ses méditations et à les livrer au jugement et à l’étude de ses camarades et de ses élèves dans ces deux ouvrages intitulés : Les Principes de la Guerre et Conduite de la Guerre, dont aucun équivalent, hélas n’a vu le jour jusqu’à 1939.
Foch s’était convaincu que l’intelligence est insuffisante par elle-même et que pour savoir il faut travailler, que le caractère s’effondre s’il n’est accompagné du savoir et que le devoir et la discipline ne sont rien devant l’absence des connaissances et du raisonnement.
Travailler, méditer, c’est acquérir la puissance de pensée et de déduction, en vertu de laquelle un homme est capable « de voir au-dessus de la brume du sol et de découvrir puis de défendre une vérité réelle à ses yeux mais échappant aux esprits moyens auxquels elle apparaît comme une erreur ou une boutade ».
Après la catastrophe que nous venons de vivre, alors que nous sommes à la recherche de modèles élevés et purs, tournons nos yeux vers Foch. Dans l’immortalité de sa mémoire – ainsi que l’écrit le général Weygand – il laisse l’exemple des forces et des vertus que notre patrie réclame aujourd’hui de ses enfants.
T. A.
Publié le 20 mars 2019
Jérôme Pellistrandi