Pour ses dix ans, l’IRSEM célèbre ses acquis et évoque les défis à venir – Ten years later, IRSEM celebrates steps forward and faces challenges
L’Institut de recherche stratégique de l'École militaire a fêté ses dix ans, hier, en s’adonnant à ce qu’il sait faire de mieux : s’interroger, débattre et proposer des pistes de réflexion. Les deux conférences organisées pour l’occasion ont porté sur les avancées obtenues lors de cette dernière décennie en matière de recherche stratégique et sur le chemin qu’il reste à parcourir.
Auparavant, la ministre des Armées, Florence Parly est venue se féliciter de la bonne santé de l’IRSEM, née en 2009 de la fusion de quatre centres de recherche appartenant au ministère (Centre d’études en sciences sociales de la défense, Centre d’études d’histoire de la défense, Centre d’études et de recherches de l’enseignement militaire supérieur, la partie recherche du Centre des hautes études de l’armement). L’organisme, aujourd’hui rattaché à la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (Dgris), constitue « une vigie » pour le monde de la défense, qui « éclaire ultimement nos décisions », a indiqué Florence Parly.
De son côté, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer (photo), directeur de l’IRSEM depuis juin 2016, s’est réjoui que l’Institut se soit taillé une place de choix dans le monde de la recherche, y compris à l’international. Les chercheurs présents ont confirmé cette réussite, constatant aussi combien les travaux en recherche stratégique sont devenus populaires ces dernières années en France. « L’IRSEM a donné une véritable légitimité scientifique » aux recherches en matière de défense, a ainsi expliqué Delphine Deschaux-Dutard.
Néanmoins, tout n’est pas satisfaisant, concèdent les chercheurs. Plus d’une fois au cours des deux conférences, la difficile ouverture des universités à la recherche stratégique a été soulignée. « La France n’a toujours pas de département en war studies », regrette d’ailleurs Jean-Baptiste Jeangène Vilmer.
Des insuffisances évidentes en termes d’interdisciplinarité ont aussi été pointées du doigt. Or, comme l’a souligné le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense Nationale, la plupart des sujets majeurs (de l’intelligence artificielle au retour des empires) implique forcément de nombreux secteurs de la recherche.
L’ensemble des intervenants ont également souhaité que le dialogue entre civils et militaires progresse encore.
Sur tous ces sujets, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer veut rester optimiste, estimant que les nouvelles générations de chercheurs vont changer la donne.
Publié le 12 septembre 2019
Antoine Aubert