Le PHA Mistral vers La Réunion et Mayotte
PHA Mistral et FLF Guépratte (© Marine nationale)
Le 26 février 2020, la croisière école « Jeanne d’Arc 2020 » a quitté la métropole avec le PHA Mistral (admis au service actif en 2006) et la Frégate légère furtive (FLF) Guépratte (ASA en 1999) pour une mission permettant d’achever la formation des officiers de Marine sortant de l’École navale. Le trajet prévu comprenait l’océan Indien et devait aller au-delà pour atteindre l’Asie et la mer de Chine. Cette année, le navire – outre son équipage d’environ 200 marins – accueille environ 140 officiers ou élèves-officiers, dont 84 enseignes de vaisseau de 2e classe de l’École navale, 40 élèves-officiers sous contrat, 7 commissaires et 9 élèves-officiers étrangers.
Le Mistral – avec le Guépratte – met en œuvre 4 hélicoptères : 2 Gazelle de l’Aviation légère de l’Armée de terre (3e RHC), 1 Alouette III et surtout 1 NH90 des forces armées italiennes. Dans son radier, il embarque sa flottille amphibie constituée d’un Engin de débarquement amphibie rapide (EDAR) et de 2 Chalands de transport de matériel (CTM). De plus, il a à son bord un détachement interarmes de l’Armée de terre : composé d’éléments du 3e Régiment d’infanterie de Marine (Rima), du Régiment d'infanterie chars de Marine (RICM) et du 6e Régiment du Génie (RG), il est capable d’intervenir sur tout type de théâtre, y compris pour des missions humanitaires.
Véritable « couteau suisse », le PHA Mistral a vu sa mission initiale modifiée pour rallier l’ouest de l’océan Indien afin de venir soutenir les populations de La Réunion (850 000 habitants) et Mayotte (270 000 hab.). Cette dernière connaît une immigration très importante venant des Comores. C’est ainsi que la maternité de Mamoudzou est la plus importante d’Europe avec 9 674 naissances en 2017.
Le Mistral dispose d’installations hospitalières sur une surface de 750 m2 avec 69 lits médicalisés, 2 blocs opératoires et une unité de radiologie. Toutefois, compte tenu de sa mission « Jeanne d’Arc », il ne dispose pas de capacités de réanimation telles que requises pour le Covid-19 : il est autosuffisant pour assurer son soutien sanitaire mais n’est pas en l’état adapté pour traiter des patients contaminés par le Covid-19.
Par contre, le Mistral, appuyé par le Guépratte, va apporter une vraie capacité logistique qui sera nécessaire notamment à Mayotte. Il pourrait évacuer des Français se trouvant dans la région, notamment aux Maldives et participer à tout type d’action demandée par les autorités civiles. Pour la directrice de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, Dominique Voynet, ancienne ministre de l’Environnement, le Mistral sera utile pour cette dimension qui va être essentielle dans les semaines à venir.
Les Porte-hélicoptères amphibie (auparavant Bâtiment de projection et de commandement ou BPC) ont prouvé depuis 2006 – premier engagement du Mistral au Liban (alors qu’il n’était officiellement pas ASA) –, leur très grande polyvalence dans la gestion de crise, sanitaire comprise. Cette facilité d’adaptation est due, d’une part à la conception réussie des PHA et d’autre part, à la valeur des équipages qui savent réagir et répondre à toutes les sollicitations. Certains appellent cela le « Système D », mais c’est surtout la résultante de l’expérience et des savoir-faire collectifs des hommes et des femmes embarqués. Face à l’actuelle pandémie, leur motivation ne peut être que maximale, en allant apporter assistance à nos concitoyens de l’océan Indien.
Publié le 28 mars 2020
Jérôme Pellistrandi