Coronavirus sur le Charles-de-Gaulle : Florence Parly dévoile les résultats des enquêtes
Des marins du groupe aéronaval « Charles-de-Gaulle » lors de leur récente mission. Photo : Ministère des Armées
Florence Parly a dévoilé lundi devant la Commission de la défense de l’Assemblée nationale les principales conclusions des deux enquêtes (épidémiologique et de commandement) expliquant comment quelque 1 300 marins du groupe aéronaval Charles-de-Gaulle ont contracté le coronavirus. Des erreurs sont constatées, mais aucune faute n’a été commise, selon la ministre des Armées.
« Il y a eu des erreurs sur l’appréciation des mesures à prendre pour combattre le coronavirus », a notamment expliqué Florence Parly. Si des restrictions (notamment des mesures de distanciation) avaient été imposées par le commandement après l’escale du porte-avions à Brest (13-16 mars), celles-ci ont été assouplies « en l’absence de cas identifiés, le 30 mars » et parce que le moral de l’équipage avait sensiblement baissé, alors que le groupe aéronaval était encore en mission dans l’Atlantique (après une première mission en Méditerranée orientale). Ainsi, des briefings ont été rétablis, le sport a été de nouveau autorisé (avec mesures de distanciation) ainsi qu’un concert le 30 mars avec l’orchestre amateur du bord.
Pour Florence Parly, il y a donc eu un « excès de confiance du commandement ainsi que de son service médical dans sa maîtrise de la situation ». Ils ont fait l’erreur de se baser sur l’expérience de la grippe H1N1 à bord du porte-avions en 2009, alors que l’absence de symptômes caractérise plus d’un cas de coronavirus. Par ailleurs, les rares signes chez certains malades ont été définis comme ceux de banales grippes saisonnières.
Le virus présent avant l'escale de Brest
En réalité, le virus était donc déjà à bord. L’escale de Brest, où des marins ont pu se mêler à la population, avait été, dans un premier temps, pointée du doigt. Toutefois, l’enquête épidémiologique conduite par le Service de Santé des Armées indique que l’apparition du coronavirus parmi le groupe aéronaval remonterait à l’un des mouvements de personnel (arrivée de renforts ou retour de marins à bord) effectués à partir de la fin du mois de février, à Chypre, en Sicile, aux Baléares, en Espagne continentale et au Portugal.
Si un cas a été défini comme suspect le 21 mars (mais finalement négatif), il a fallu attendre le 5 avril pour que l’infirmerie constate un nombre anormalement élevé de malades. Par ailleurs, le même jour, le commandement a appris qu’un officier débarqué le 30 mars au Danemark avait été testé positif. Les mesures strictes ont alors été rétablies, assure la ministre. Trois marins ont été évacués le 6 avril.
Outre sa mauvaise estimation quant à la présence du virus à bord, une autre erreur du commandement est évoquée par la ministre d’après les résultats de l’enquête : les « défauts de coordination et de partage de l’information entre les différentes chaînes de commandement et au sein des différents niveaux de celles-ci ». L’information sur la contamination de marins n’est remontée jusqu’à l’état-major des armées et le cabinet de la ministre que le 7 avril. Le même jour, Florence Parly a ordonné la fin de la mission du Charles-de-Gaulle et le retour anticipé du porte-avions à Toulon.
Un seul marin encore malade
Une fois débarqués, après le dépistage, « pour près de 1 300 marins, il a fallu passer l’épreuve de la maladie. Pour les autres, l’épreuve de la quatorzaine en enceinte militaire », a indiqué la ministre.
Aujourd’hui, tous sont guéris à l’exception d’un marin toujours hospitalisé après être sorti de réanimation. Par ailleurs, Florence Parly a annoncé que « le porte-avions, ses aéronefs et ses escorteurs ont été nettoyés, vérifiés et désinfectés ».
Pour la ministre des Armées, il faut désormais rassurer les marins, en leur expliquant les conclusions des rapports et les mesures qui seront prises à l’avenir pour garantir leur sécurité sanitaire pendant les opérations.
Les résultats des deux enquêtes sont disponibles sur le site du ministère des Armées : cliquez ici pour l'enquête de commandement et ici pour l'enquête épidémiologique.
Publié le 12 mai 2020
Antoine Aubert