Tour de France 2020 et anecdotes historiques :
10 septembre / Chauvigny (Vienne)-Sarran (Corrèze) : Chevaux et Résistance
10 septembre / Chauvigny (Vienne)-Sarran (Corrèze) : Chevaux et Résistance
Georges Guingouin
Entre Poitou et Limousin, les coureurs vont traverser une zone rurale où l’élevage du cheval à des fins utilitaires a été important. Zone aussi de collines et de forêts épaisses, peu urbanisée et qui a permis à de nombreux maquis de se protéger et de combattre l’occupant nazi, au prix de sacrifices dramatiques comme à Oradour-sur-Glane.
À Montmorillon, au riche patrimoine historique, l’Armée de terre dispose d’un camp de 1 639 ha utilisé aujourd’hui par le Régiment d'infanterie chars de marine (RICM) installé à Poitiers. Ce camp, créé aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale pour accueillir les unités américaines, est aussi un conservatoire de biodiversité.
Le Dorat est situé à quelques kilomètres de Magnac-Laval et de Bellac. Cette dernière ville eut sa caserne et abrita le 138e Régiment d’infanterie (RI) reconstitué en 1873 et qui fut dissous en août 1940. Magnac-Laval a pendant longtemps abrité plusieurs unités dans sa caserne construite à partir de 1874 et qui servit d’hôpital pendant les deux guerres mondiales. Sa destinée ultime fut un centre mobilisateur qui fermât en 1999, mettant ainsi fin à la présence militaire dans cette zone.
Avec la Loi de 1831 sont créés les dépôts de remonte destinés à approvisionner en chevaux les unités de l’armée. Il fallait des chevaux de selle pour les cavaliers et des chevaux de trait pour tracter l’artillerie et la logistique. Le Limousin a ainsi vu le développement du cheval limousin, Bellac et Le Dorat étant deux grands centres de commercialisation des animaux.
Magnac-Laval est aussi la ville de naissance de Georges Guingouin (1913-2005), figure légendaire de la Résistance et du Parti communiste français. Instituteur, membre du PCF, il combattit avec efficacité les Allemands et fut fait Compagnon de la Libération par le général de Gaulle.
Limoges a été pendant longtemps une très grosse ville de garnison et son espace urbain en fut longtemps marqué. En 1852, la cité accueille un état-major de division et progressivement, la place va gagner en importance et accueillir de très nombreuses unités. En 1914, plusieurs officiers supérieurs et généraux ayant failli face aux Allemands y furent brusquement affectés, loin du Front par le général Joffre, d’où l’expression « limoger ». La garnison a fermé en 2011, même s’il reste quelques éléments notamment liés à l’industrie de défense. Ainsi, Arquus dispose d’une usine d’assemblage de véhicules blindés du type Sherpa, avec 400 emplois. Cet industriel est l’héritier des arsenaux créés en 1939 et qui avaient 3 000 salariés en 1940.
La fin de l’étape va se faire à Saran, fief de la famille Chirac. La présence du président de la République avait amené à la mise en place d’une caserne de gendarmerie avec 50 gendarmes. Avec l’appui de Bernadette Chirac, veuve de l’ancien Président, la caserne a été transformée en lieu d’accueil et de vacances pour personnes handicapées.
Saran est rattaché à Égletons, où une bataille importante opposa les maquis aux troupes de la Wehrmacht du 3 au 20 août 1944 (sur l'apport de la résistance, lire Edmond Combaux, « L'action militaire de la résistance française » RDN n° 19, décembre 1945, p. 723-742). Pour ces faits, la ville a reçu la Croix de guerre 1939-1945.
Publié le 10 septembre 2020
Jérôme Pellistrandi