70 ans des combats de la RC4
6 octobre : Colonne Lepage, le piège de Coc Xa se referme
6 octobre : Colonne Lepage, le piège de Coc Xa se referme
Carte de la RC4 (ONAC : www.caobang.fr/)
Au cours de la nuit, de nouvelles attaques sont tentées contre le Bataillon étranger de parachutistes (BEP)-1er Tabor. Elles sont repoussées. Un parachutage est effectué dans la matinée, au-dessus de la cuvette. Des infiltrations se produisent au sud du dispositif. Vers 11 heures, une mitrailleuse réussit à prendre position sur un rocher abrupt qu’on avait cru inaccessible. Elle interdit l’entrée du col au débouché de la cuvette. Un coup de main sera tenté contre elle par la compagnie Guidon du 8e Régiment de tirailleurs marocains (RTM) et des éléments du goum de protection. Il ne pourra pas la déloger du calcaire d’où elle s’est nichée ; elle sera néanmoins contrebattue par une mitrailleuse du 1er Tabor.
À plusieurs reprises, dans la matinée, le commandant de la Zone frontière du nord-est (ZFNE), le colonel Constans a réitéré au commandant du groupement « Bayard » l’ordre de décrocher, fournissant un appui aérien sur la cote 553 et les crêtes ouest de la barrière calcaire. Le groupement est pratiquement encerclé et partout au contact. Il est immobilisé par environ 150 blessés.
Le lieutenant-colonel Lepage estime que tenter un décrochage dans de pareilles conditions – sauf si l’on abandonne les blessés, et à cela, il ne peut se résoudre – risque d’être catastrophique. Il espère que l’arrivée à sa hauteur de la colonne Charton, qui est intacte, le décongestionnera et permettra une jonction efficiente. En tout état de cause, il considère que le décrochage de nuit serait moins onéreux. Lepage passe bien de la position de recueillant à celle de recueilli.
Au milieu de l’après-midi, la cuvette est soumise à un violent tir de mortiers qui ne s’arrêtera qu’à la nuit.
Vers 17 heures, la liaison est prise pour la première fois avec la colonne Charton dont la tête vient enfin d’arriver à la cote 477. Le commandant du groupement « Bayard » expose lui-même sa situation au lieutenant-colonel Charton, et lui demande de pousser, dès que possible, sur la cote 553, par les crêtes immédiatement à l’ouest de la barre calcaire. Il a pris la décision de forcer le passage à la faveur de la nuit et tenter la jonction. Un seul itinéraire est possible : la piste de Coc Xa, un étroit goulot dans la falaise à pic.
Le BEP, qui dans la soirée avait difficilement repoussé un nouvel assaut, va passer la nuit à l’intérieur de la cuvette. Le valeureux bataillon qui, depuis le début de la bataille, se trouve, du fait des circonstances toujours être le premier élément de choc, va de nouveau être appelé à fournir le plus gros effort : mission de sacrifice s’il le faut, l’ordre est formel, il faut passer. ♦
Publié le 06 octobre 2020
Claude Franc