La situation le 18 juin 1940
Charles de Gaulle au micro de la BBC le 18 Juin 1940
Le 18 juin 1940 tombe un mardi. Le Gouvernement du maréchal Pétain, désigné le 16 au soir, et auquel appartenait le général Weygand, titulaire du portefeuille de la Défense nationale avait rejoint Bordeaux. Le commandement opérationnel des armées françaises était exercé au Quartier Général (QG) par le général Georges qui s’était installé à La Bourboule, dans la nuit du 17 au 18 juin. À son niveau, compte tenu de la situation générale, Georges ne pouvait plus conduire aucune manœuvre retardatrice cohérente.
La situation des forces terrestres était catastrophique, et ce, d’autant plus que l’appel à cesser le combat lancé la veille par le nouveau chef du Gouvernement, avait, en maints endroits, cassé le ressort de la volonté de combattre.
Le Groupe d’armées n° 3 (GA 3 du général Besson) se replie vers la Loire qui va être atteinte par l’ennemi dans la journée, ce qui occasionnera une gloire immortelle à l’Ecole de Cavalerie dont les élèves aspirants (Élèves officiers de réserve – EOR) renforcés de leurs camarades fantassins de Saint-Maixent, parviendront à interdire le fleuve – ironie du sort ! à une division de cavalerie allemande – durant 24 heures. Partout ailleurs, le fleuve sera franchi par la Wehrmacht, souvent à gué, compte tenu des basses eaux de la saison.
À l’ouest, la Xe armée du général Altmayer accentue son repli vers la Bretagne et Rennes sera dépassée sans combats, dans la journée du 18.
Dans l’Est, la résistance du GA 2 (général Prételat) faiblit, Épinal tombera dans la journée et, en fin de soirée, les têtes d’avant-garde de Guderian atteindront la frontière suisse, scellant ainsi le sort des unités engagées en Lorraine, dans les Vosges et dans le Jura. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus aucun combat. Un régiment d’infanterie de réserve, le 222e RI, s’installe dans la journée du 18 dans Toul, tout en tenant les hauteurs dominant la ville, alors que Nancy et Metz sont tombées depuis longtemps. Il va interdire la ville aux Allemands jusqu’au 22, ayant épuisé toutes ses munitions, dans des combats incessants menés dans un rapport de force d’un contre quatre ou cinq.
Mais surtout, les gros ouvrages de la ligne Maginot, s’ils sont tournés, sont intacts et ouvrent un feu nourri sur les Allemands qui ne peuvent s’en approcher, et donc les investir. Ils résisteront jusqu’à la fin du mois de juin, l’armistice signé, et ne se rendront, intacts, que sur ordre.
Au centre, les Allemands ont ouvert une large brèche au sud de Reims, dans le dispositif du GA 4 (général Huntziger) dont les unités refluent vers le sud, parfois en désordre, parfois en ayant conservé leur cohésion, comme la 14e Division d’infanterie (14e DI) du général de Lattre.
Dans les Alpes, le général Olry tient la ligne de crète de la frontière italienne, où il s’oppose avec succès à l’offensive italienne, tout en faisant sauter les ponts sur le Rhône, en aval et en amont de Lyon, (déclarée ville ouverte à la demande d’Herriot, à la grande fureur de Weygand). Ainsi, il réduit le risque d’être pris à revers par une attaque allemande débouchant de la vallée de la Saône et visant Grenoble.
Enfin, c’est toujours dans la journée du 18 juin que le général Weygand recevra deux télégrammes au contenu identique, l’un depuis Beyrouth du général Mittelhauser, commandant le théâtre d’opérations du Moyen-Orient (Tomo) et l’autre d’Alger du général Noguès, commandant le théâtre d’opérations d’Afrique du Nord (TOAFN), l’un et l’autre indiquant être en mesure de poursuivre la lutte sur leurs territoires respectifs. L’un et l’autre exécuteront les conventions d’armistice, conformément aux directives du Gouvernement.
À Londres, le Premier ministre britannique Winston Churchill met la BBC à la disposition du général de Gaulle, qui y lancera l’Appel qu’il a rédigé dans la journée. ♦
Publié le 18 juin 2021
Claude Franc