Vœux du Cnes – Objectifs et perspectives
C’est lors de la cérémonie de vœux à la presse que Philippe Baptiste, président-directeur général du Centre national d’étude spatiale (Cnes) depuis avril 2021, a présenté le bilan de l’année 2023 et les échéances de l’année à venir.
Le projet d’une Europe autonome dans son accès à l’Espace a été maintes fois avancé par Philippe Baptiste qui dresse le bilan de l’année 2023 au prisme de l’interministérielle de l’Agence spatiale européenne (ESA) de Séville qui a eu lieu les 6 et 7 novembre 2023 : le rôle des recherches spatiales pour le climat semble à ce jour faire consensus en Europe. Que ce soit le Space for Climate Observatory (SCO) lancé par le président Emmanuel Macron engageant aujourd’hui près de vingt pays et ayant pour vocation d’analyser l’impact du réchauffement climatique grâce à la conception d’outils efficaces ou les différents partenariats internationaux comme Swote entre la France et les États-Unis pour détecter les surfaces d’eau, les projets pour une meilleure analyse du climat se développent grandement (Trichna avec l’Inde, Ciel avec Israël, MicroCarb avec le Royaume-Uni). La question de l’exploration spatiale a elle aussi été abordée lors du sommet mais semble diviser plus que réunir les 22 États-membres de l’ESA.
Cependant malgré les ambitions, les coûts exorbitants des lanceurs freinent de nombreux projets. Pour répondre à cela, il semblerait qu’une nouvelle approche soit de mise avec le souhait du Cnes d’un paysage plus compétitif entre investissements privé et public. France 2030 ou encore Connect by Cnes font partie de ces projets qui, en sollicitant des acteurs privés, stimulent la compétition économique parfois obstruée de la recherche spatiale. Le budget spatial annoncé par le Gouvernement lui est assez conséquent et démontre l’importance de la recherche spatiale aujourd’hui. Il s’élève à 3,029 milliards d’euros (contre 2,598 Md en 2023), comprenant la contribution à l’ESA (1,108 Md), le programme national (898 millions), les ressources propres (716 M), le financement plan de relance (82 M), le financement France 2030 (211 M) et le financement Pia – Programme d’investissement d’avenir – (15 M). Le projet France 2030, inauguré en 2021, connaît aujourd’hui une forte accélération dans le domaine spatial après un long lancement : près de dix commandes publiques et quatre appels d’offres ont déjà été lancés, ce qui ne peut que bénéficier au Cnes pour stimuler son marché et répondre à ses besoins.
Le lanceur lourd Ariane 6 est le projet de cette année ; son lancement est annoncé pour mi-juin/fin juillet. Si Ariane 5 s’est envolé une dernière fois le 5 juillet 2023, ce lanceur demeure l’un des plus fiables et des plus robustes conçus. En espérant qu’Ariane 6 soit sur cette même lancée, les répétitions générales d’essais combinés de novembre et décembre 2023 ont été décrites positivement par le président du Cnes.
Une dynamique est assurée pour la recherche spatiale. En effet, une nouvelle génération de micro-lanceurs voit le jour, en même temps qu’une modernisation du moteur Prométheus et qu’une modernisation du Centre spatial guyanais (Kourou) qui s’inscrit dans un plan de sobriété énergétique et de renouveau numérique.
L’année 2023, comme les années à venir, sont marquées par une coopération scientifique de grande ampleur, le Cnes entretient, à lui seul, des partenariats avec pas moins de 45 pays. Au printemps 2024, la mission franco-chinoise SVOM (Space-based Multi-band Variable astronomical Objects Monitor), consacrée à l’étude des plus lointaines explosions d’étoiles, les sursauts gamma, est par exemple attendue. Pour fin 2025 est prévue la fusée mono-étage Callisto (Cooperative Action Leading to Launcher Innovation in Stage Toss-back Operations) résultant d’une coopération française, allemande et japonaise.
« Depuis 2018, le Cnes continue d’appuyer le ministère des Armées dans la dynamique de renouvellement complet de ses capacités spatiales. Avec la DGA et l’industrie, le CNES est naturellement engagé dans le développement des systèmes devant leur succéder à l’horizon 2030 : Iris pour l’observation, Céleste [Capacité électromagnétique spatiale] pour l’écoute électromagnétique et Syracuse 5 pour les télécommunications. Fait inédit, le Cnes s’investit fortement dans le développement d’une capacité d’action dans l’Espace avec le démonstrateur Yoda [Yeux en orbite pour un démonstrateur agile], développé sous la maitrise d’œuvre du Cnes, et le système Égide qui doit être lancé en 2030. »
Climat, autonomie européenne, compétitivité économique et coopération scientifique animent les projets ambitieux du Cnes pour l’année 2024.
Publié le 09 janvier 2024
Victoire d'Arexy