Mort de Philippe de Gaulle
Philippe de Gaulle en 1976 (© Rob Mieremet / Anefo, CC0, via Wikimedia Commons)
Un amiral s’en est allé
Né en 1921 à Paris, l’amiral Philippe de Gaulle vient de nous quitter à l’âge de 102 ans. C’est, en quelque sorte, le dernier gaulliste historique, le premier Compagnon de son père et le plus proche témoin de ce que fut Charles de Gaulle, officier, père éprouvé par le drame de sa fille Anne, chef de la France Libre, puis chef de l’État.
Il était largement plus grand que ses contemporains, un peu gauche dans son uniforme de jeune officier de Marine ayant débarqué avec sa mère, Yvonne, et ses sœurs dès le 19 juin 1940, alors que la France s’enfonçait dans le chaos de la débâcle et de la soumission à l’Allemagne nazie. Il n’a pas entendu l’appel de son père lancé la veille sur les ondes de la BBC mais pour lui, hors de question de baisser les bras.
Rêvant de combats sur les océans, il fut exemplaire sur le terrain lors de la campagne de France à l’été 1944 en particulier durant l’hiver glacial dans les Vosges. Sa carrière militaire fut longue, dans une Marine nationale dont le corps des officiers fut longtemps divisé depuis le traumatisme de Mers-el Kébir, mais qui sut se transformer depuis la fin des années 1950 avec l’arrivée des porte-avions modernes que furent le Clemenceau et le Foch, les missiles puis la nucléarisation avec les SNLE.
Porter l’héritage familial fut également la tâche qu’il mena jusqu’à ses derniers jours ; tant se revendiquant à tort et à travers du gaullisme. Bien que retiré de la scène politique après son départ du service actif, il incarnait cette longue continuité historique entamée avec l’Appel du 18 juin, symboliquement close par la disparition d’Hubert Germain, le dernier des Compagnons de la Libération, le 12 octobre 2021. À l’heure où la guerre de haute intensité est hélas une réalité à l’est de l’Europe, nous obligeant à reprendre notre effort de défense pour garantir notre souveraineté et à quelques semaines des commémorations de 1944 qui commenceront par les combats du maquis du Vercors, la disparition de Philippe de Gaulle nous rappelle que l’Esprit de Résistance doit toujours guider la France.
Publié le 13 mars 2024
Jérôme Pellistrandi