L’Indonésie, 5e pays à commander des sous-marins Scorpène à Naval Group
© Naval Group
Ce mardi 28 mars 2024, l’Indonésie a commandé deux sous-marins Scorpène à Naval Group, groupe industriel français spécialisé dans la construction navale, qui seront construits dans le chantier de l’indonésien PT PAL, la plus grande entreprise de construction navale du pays.
Ce partenariat s’inscrit plus largement dans un contexte de renforcement de la coopération militaire entre Paris et Jakarta officialisée par la signature du Defence Cooperation Agreement en août 2021 et qui s’est déjà matérialisé par la commande de 42 Rafale d’une valeur de 8,1 Mds $ (dont la dernière étape d’achat s’est finalisée le 8 janvier dernier auprès de l’industriel français Dassault Aviation). Simultanément, ce contrat s’inscrit dans le cadre du Strategic Partnership Agreement signé en février 2022 par les deux entreprises.
La construction de ces deux sous-marins vise, outre la création de très nombreux emplois hautement qualifiés, à transférer le savoir-faire et la technologie de Naval Group aux ingénieurs locaux. Avec ce transfert de compétences, « À l’avenir, l’Indonésie devrait être en mesure de maîtriser la technologie sous-marine » annonce Kaharuddin Djenod, président-directeur de PT PAL.
Selon les propos tenus par Pierre Éric Pommellet, PDG de Naval Group, le but est alors de « renforcer la souveraineté maritime du pays et aider la marine indonésienne à atteindre la supériorité régionale en mer ». Plus loin, il ajoute : « Outre les sous-marins, notre partenariat stratégique avec PT PAL permettra également à l’industrie de défense indonésienne de préparer activement l’avenir du combat naval. » Pour ce faire, cet accord prévoit le développement d’un centre de R&D commun, rejoint par d’autres entreprises indonésiennes, afin de développer la prochaine génération de solutions énergétiques sous-marines.
Pour la France, la multiplication de ces accords de coopération militaire vise à compenser le revers essuyé suite à l’annulation par les Australiens de la commande passée en 2016 auprès de Naval Group qui prévoyait une livraison de 12 sous-marins pour un montant de 56 Mds €, présentée par certains médias comme le « contrat du siècle ».
Après 2 sous-marins vendus au Chili, 2 à la Malaisie, 4 au Brésil et 6 à l’Inde, l’Indonésie devient le cinquième pays à passer une commande de sous-marins Scorpène auprès de Naval Group, signe de la reconnaissance et de la confiance reconnue dans les technologies de pointe proposées par l’entreprise dans cette catégorie de sous-marins. Avec 16 unités à son compteur, le Scorpène bat le record de 14 sous-marins exportés de conception française, détenu par le Daphné.
D’une longueur de 72 mètres, ce sous-marin peut plonger à une profondeur de 300 m avec à son bord un équipage composé seulement de 31 marins, une prouesse rendue possible grâce à l’automatisation des opérations. Appartenant à la famille des sous-marins conventionnels, qui se définit en opposition aux sous-marins à propulsion nucléaire, la version du sous-marin Scorpène équipé de batterie lithium-ion permet d’augmenter l’autonomie de 50 à 78 jours en surface et celle immergée à 12 jours. Le périmètre d’action est par conséquent étendu à 8 000 miles, ce qui est d’un grand intérêt pour ce pays composé d’un archipel de 17 000 îles. Par ailleurs, cette nouvelle technologie couplée à la dernière génération de système de combat Subtics permet d’augmenter la discrétion des sous-marins et d’accroître leur mobilité tactique, un enjeu de premier plan dans ces eaux peu profondes de l’archipel où seuls des sous-marins à propulsion nucléaire sont en mesure de rivaliser.
Capable de transporter 18 charges utiles, torpilles ou missiles, ce sous-marin peut opérer des missions de lutte contre d’autres sous-marins, des navires de surface mais également réaliser des opérations spéciales et de collection d’informations dans cette région de l’Asie-Pacifique qui est actuellement traversée par des tensions croissantes, corollaire des manœuvres militaires de la marine chinoise.
Dans ce contexte, l’Indonésie n’entend pas se faire surprendre et cherche à se donner les moyens de se défendre comme en témoigne l’augmentation de 20 % de ses dépenses militaires pour l’exercice 2024.
Publié le 02 avril 2024
Manon Pasquier