Le SNA Casabianca bientôt de retour à Toulon ?
© Marine nationale
Construit à Cherbourg et admis au service actif en 1987, le Sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Casabianca, troisième de la classe Rubis, a été retiré du service en septembre 2023 après son retour au chantier qui l’a vu naître il y a près de 4 décennies. En théorie, le Casabianca aurait dû être démantelé d’ici quelques années comme les Sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Redoutable ou les SNA du type Rubis. Un autre destin pourrait désormais l’atteindre avec le feu vert du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, pour qu’il puisse rejoindre Toulon, son port d’attache afin d’y être transformé en musée.
C’est une opportunité exceptionnelle et passionnante qui s’ouvre ainsi. Actuellement, 4 sous-marins sont visitables en France : 3 diesel et 1 SNLE, le mythique Redoutable. À Paris La Villette, l’Argonaute (1958-1982) appartenant à la classe Aréthuse (400 tonnes) est accessible au public. À Saint-Nazaire, dans la base sous-marine construite par les Allemands, l’Espadon (1960-1985) de la classe Narval (1 500 tonnes) est ouvert au public, tandis qu’à Lorient, le Flore (1964-1989) de la classe Daphné (800 tonnes) est le représentant d’une série qui a été exportée avec succès, notamment en Espagne et au Portugal.
À Cherbourg, la Cité de la mer abrite, au sec, le premier SNLE construit en France, le Redoutable, avec ses 16 tubes lance-missiles. Ce SNLE, dont le lancement fut présidé par le Général de Gaulle, a marqué l’histoire de la dissuasion nucléaire. Il est visitable en entrant par la poupe avec son compartiment des machines et on en sort par la proue et ses tubes lance-torpilles, en étant passé par un grand cylindre quasiment vide au milieu, la tranche réacteur puis la zone vie.
La mairie de Toulon a donc souhaité et obtenu le retour du Casabianca. Ce projet permettra ainsi de préserver un des SNA de la classe Rubis et de mettre à disposition des visiteurs du flanc méditerranéen de notre pays un sous-marin exceptionnel, dont le nom est lui-même une légende, en ayant repris les traditions et le souvenir du sous-marin diesel Casabianca (1937-1952) qui s’était échappé du sabordage de la flotte à Toulon en novembre 1942, avait rallié Alger pour reprendre le combat et qui avait participé à la Libération de la Corse en 1943.
Certes, l’ouverture au public n’est pas pour demain car le travail à faire désormais est conséquent entre la définition du projet muséologique (dont l’emplacement), les travaux d’implantation mais, surtout, la préparation du SNA lui-même avec le retrait du réacteur et les aménagements en vue de recevoir du public. Il faudra, ensuite, ramener le sous-marin lui-même qui, bien sûr, n’aura plus de propulsion. Pour cela, l’expérience du chantier du SNA Perle reconstruit à Cherbourg après un incendie en 2020 sera précieuse.
Ce n’est donc pas avant la fin de cette décennie que le projet sera une réalité à Toulon, mais le feu vert donné ouvre déjà une perspective très intéressante, d’autant plus que Toulon est un vrai paradoxe : premier port militaire d’Europe et pas un navire « gris » visitable. Le SNA Casabianca viendra combler cette lacune, avec deuxième paradoxe, quand celui-ci sera au sec, un autre Casabianca arrivera dans les eaux toulonnaises, le futur SNA Casabianca, de la classe Barracuda, en cours de construction à Cherbourg.
Publié le 26 septembre 2024
Jérôme Pellistrandi