Malgré son sous-titre quelque peu maladroit (« Les tactiques des plus grands stratèges… »), l’ouvrage du colonel Haberey et du lieutenant-colonel Pérot est un livre fort utile à qui s’intéresse au domaine des « grandes batailles » de l’histoire. L’évolution de chaque affrontement est bien rendue à travers trois ou quatre cartes qui en retracent le contexte (pour la première carte), puis les différents moments (pour les suivantes).
On peut seulement regretter un certain flou quant aux signes tactiques utilisés pour représenter les différentes unités, ce qui s’explique certainement par le fait que les unités militaires modernes (corps d’armées, divisions, etc.) sont relativement récentes et que les signes tactiques conventionnels s’y rapportant n’ont bien évidemment pas d’équivalent avant le XVIe siècle.
L’ensemble s’organise en onze thèmes tactiques (disloquer par le choc, tourner le dispositif adverse, tendre une embuscade, etc.), qui structurent le livre en autant de parties, à l’intérieur desquelles chaque bataille, ancienne ou moderne, représente un chapitre. Les classiques du genre (Cannes, Leuthen, Iéna, Tannenberg, Sedan…) ne sont pas oubliés ; s’y ajoutent d’autres batailles souvent ignorées comme Dobropolje (Bulgarie 1918) ou Cuito Canavale (Angola 1988).
Chaque affrontement est décrit selon un plan immuable qui fleure bon le travail d’état-major : situation générale, forces en présence et intention, déroulement de la bataille, enseignements tactiques. Le tout est didactique et clair, et permet de conclure que, plus que la supériorité numérique, ce sont le moral et la qualité du commandement qui font la différence. « Sans commandement, pas de bataille, pas de victoire possible » disait Foch, contredisant ainsi les divagations tolstoïennes sur ce sujet.