Le débat nucléaire (2011-2014)
La corrélation entre dissuasion nucléaire et bouclier antimissiles pose des questions sensibles sauf si l'on s'attache à les différencier dans leurs calendriers, effets recherchés et leurs réalisations concrètes. L'auteur nous expose cette dialectique complexe en sept points.
Réalisme de défense et de sécurité - Étienne Copel - p. 15-20
C'est la capacité d'adaptation aux circonstances, militaires, budgétaires, techniques, sociales qui est la marque du réalisme et de la pertinence en matière de défense. L'auteur en fait une approche précise, qu'il illustre par les questions d'armement nucléaire et de parc d'avions de combat.
Quelques grands enjeux pour 2012 - Bruno Tertrais - p. 21-24
En brossant à grands traits la carte de visite stratégique en ce début d'année de transition stratégique, l'auteur, expert en la matière, s'attarde sur les forces nucléaires, les dépenses de défense et appelle à un débat citoyen sur notre posture de dissuasion et nos engagements extérieurs.
Le nucléaire en questions - Eugène Berg - p. 25-30
Les questions nucléaires civiles et militaires font aujourd'hui l'objet de nombreuses publications, surtout depuis le tsunami de Fukushima. L'auteur analyse certaines d'entre elles et met en évidence les liens entre nucléaire civil et militaire, les réalités du cycle nucléaire et les questions industrielles qui s'y rattachent avant de conclure sur la question controversée des armes et de leur prolifération potentielle.
Ce plaidoyer engagé pour que la France cesse son dogmatisme nucléaire et prenne la tête d'un mouvement de désarmement nucléaire s'appuie sur l'affirmation de la péremption du concept de dissuasion nucléaire, la crainte d'une prolifération accélérée en 2012 et le coût de possession excessif de l'arsenal nucléaire français.
C'est en partant des perceptions de sécurité régionale et des enjeux de puissance internationale que l'on peut analyser les comportements de prolifération nucléaire. Cette grille permet de mieux comprendre le cas iranien et de contrer la dimension militaire suspectée de son programme nucléaire.
Trajectoires nucléaires - Jean Dufourcq - p. 42-48
La déconstruction de l'ordre nucléaire stratégique et celle de l'ordre électronucléaire sont en route sous l'effet d'un climat abolitionniste et de graves accidents techniques. Comment leur substituer des systèmes produisant les mêmes effets que ceux qu'offre aujourd'hui encore l'usage de l'atome? Selon l'auteur, le statu quo s'impose.
Dissuasion du fort au faible - Olivier Kempf - p. 49-56
L'expression « dissuasion du fort au faible » a fait florès. Chacun y voit le pendant de la « dissuasion du faible au fort » qui constitue la base de la doctrine française de dissuasion. Or, l'inversion des mots entraîne un profond changement de logique qu'aucun des auteurs classiques de la dissuasion n'a vraiment décortiqué. À l'heure de la prolifération nucléaire, ne convient-il pas de conceptualiser cette nouvelle configuration stratégique ? L'auteur amorce un débat sur cette question.
La thèse que l'auteur, expert de ces questions, défend est que pour affronter l'incertitude que provoque une prolifération nucléaire inéluctable, seule une combinaison de glaive nucléaire et de bouclier antimissile permet la gamme des stratégies nécessaires pour éviter la guerre. Et pour l'Europe, il y a urgence à réaliser un bouclier antimissile qui lui soit propre.
L'Otan et le nucléaire - Emmanuel Nal - p. 71-80
C'est à une analyse fine de la posture nucléaire de l'Alliance en Europe que se livre l'auteur qui en évalue la complexité technique par la question de la modernisation des armes et de leurs porteurs, la relation politique à la question du désarmement nucléaire et le couplage avec le projet de bouclier antimissile. Ce faisant, il montre qu'il faudrait se garder de négliger cette dimension traditionnelle du rapport à la Russie.
C'est à un tour d'horizon de la place octroyée à la dissuasion nucléaire française dans les discours et les budgets que procède l'auteur en ce début de législature. Il montre que si la continuité reste la voie choisie, le débat persiste et que les questions de désarmement nucléaire restent d'actualité.
L'auteur passe en revue le récent rapport sénatorial sur les forces nucléaires françaises et relève leur apport à la stratégie de défense du pays, leur imbrication technique dans la posture militaire française et les travaux faits pour en garantir la pérennité à l'horizon 2050.
Les transitions stratégiques en cours sont loin d'invalider la posture nucléaire militaire et civile de la France. L'auteur invite à ne pas céder au doute et à réévaluer les atouts nucléaires français comme autant d'antidotes à l'incertitude ambiante. Pour ce faire, il procède avec la force assertive d'une conviction à partager.
Derrière cette démonstration de l'articulation indispensable entre dissuasion nucléaire stratégique et forces conventionnelles, il y a non seulement la valorisation impérative de l'emploi de ces dernières mais aussi l'inquiétude de voir leur sous-équipement ruiner la cohérence du système de défense de la France.
La crispation française sur le nucléaire s'explique selon l'auteur par le rôle particulier qu'il joue dans l'affirmation de la souveraineté et donc de l'identité française. Il l'explique par la spécificité historique et culturelle de la France. La place conférée au secret dans la culture nucléaire française en est l'illustration.
Peut-on se passer du nucléaire ? - Philippe Cothier - p. 112-117
L'arme nucléaire fait depuis le début partie intégrante de la posture militaire de la France. Soubassement de sa défense, sa détention n'est pas invalidée par les changements stratégiques du monde même si la doctrine qui la sous-tend a vieilli. Critiquer la doctrine de la dissuasion, se dispenser d'en reformuler une, mais conserver l'arme nucléaire contre les incertitudes, telle est la conclusion faite ici par un expert.
C'est la dialectique défense/dissuasion, guerre/non bataille, emploi/menace d'emploi que l'on retrouve derrière la question du bouclier antimissile face à l'arme nucléaire. Elle est avivée par la prolifération, notamment balistique. Elle est exacerbée par les postures nord-coréenne et iranienne. L'auteur fait le point sur les techniques antimissiles et leurs perspectives stratégiques et tactiques.
Dans ce plaidoyer pour le maintien de la composante pilotée de la dissuasion nucléaire stratégique, l'auteur met en évidence la souplesse qu'apportent les forces aériennes pour couvrir une gamme désormais étendue de situations et continuer à stériliser toute volonté de s'en prendre aux intérêts vitaux de la France.
Incertitudes et manoeuvre dissuasive - Jean-Louis Lozier - p. 132-135
En rappelant les clés de la manoeuvre dissuasive qui entend maintenir l'incertitude à la fois sur le périmètre des intérêts vitaux du pays et les conditions d'une riposte à une agression, l'auteur montre que c'est bien à la dialectique des volontés et des capacités qu'elle fait appel.