Sigem 2021 - L’officier au service de la Nation dans le monde du XXIe siècle
Depuis 2001, le Séminaire interarmées des grandes écoles militaires (Sigem) rassemble chaque année les élèves des grandes écoles militaires auxquels se joignent quelques étudiants de grandes écoles civiles.
Le thème du Sigem 2021, tenant lieu de fil conducteur aux différentes interventions et activités organisées, s’articule autour de l’idée suivante : choisir de servir la Nation repose plus que jamais sur l’adhésion à des valeurs fondamentales qui conservent leur acuité dans un monde devenu fort complexe, ce qui doit conduire chacun à s’interroger pour donner du sens à son action.
Le jeune officier, comme tout être humain, a besoin de repères de temps et de perspective pour mieux se situer dans le présent afin de se projeter dans l’avenir. Il lui est pour cela nécessaire de s’appuyer sur un héritage, un corpus de valeurs et de connaissances solides.
Confronté à la complexité du monde de ce début de XXIe siècle, l’officier, militaire professionnel et citoyen, doit disposer d’une sérieuse culture générale. Elle seule peut lui assurer les clés de compréhension historique, sociale, géographique, économique, technologique, du choix ou du comportement de l’autre, qu’il soit ennemi ou ami.
Mais cela ne suffit pas à faire de l’officier un chef. Au moment de la décision, ce dernier est seul face à lui-même. Il lui est donc nécessaire d’avoir un esprit ouvert et curieux, apte à l’intelligence de situation et au discernement, c’est-à-dire en capacité de réfléchir sur une philosophie de l’action.
Cahier numérique - Mars 2021 - 120 pages
Feuilleter ce Cahier
Introduction - Yann Marbœuf - p. 5-7
2001-2021, le Séminaire interarmées des grandes écoles militaires (Sigem) fête cette année son vingtième anniversaire et sa vingtième édition après l’annulation du millésime 2020. À l’heure où ces lignes sont écrites, il est encore bien difficile de savoir combien d’entre vous pourront être accueillis à l’École militaire. Lire la suite
Éditorial - Thibault Lavernhe - p. 8-10
« Nous lisons, quand nous lisons, pour nous cultiver : ce qui est fort bien. Mais nous ne pensons pas assez qu’on peut, et doit, quand on agit, s’aider de sa culture » écrit Marc Bloch dans L’Étrange défaite. Voilà bien l’objet de ce Cahier de la RDN dédié à votre Sigem : vous donner matière à réfléchir aujourd’hui, pour mieux agir demain. Lire la suite
S'engager au service de la nation
Les mutations de la conflictualité contemporaine, où paix et guerre sont des notions dont les contours sont devenus flous, imposent que le couple formé par le soldat et le politique soit repensé. Cela passe, notamment, par une meilleure intégration du militaire dans la prise de décision de niveau politique.
Armée et Nation (RDN n° 663 - avril 2004) - Gabriel Robin - p. 18-23
Il n’y a d’armée que nationale. Ce caractère national est aux prises, aujourd’hui, avec la professionnalisation de l’armée et avec l’internationalisation des opérations militaires. Survivra-t-il aux progrès de l’intégration et au déclin de l’idée de nation ?
C'est une chose bien étonnante que celle du dernier sacrifice. Quelle est cette force mystérieuse qui fait que l’homme accepte de donner gratuitement sa vie ? Surtout si l’on considère que la vie est le bien le plus précieux puisque, en la perdant, on perd tout le reste.
L’engagement (RDN n° 829 - avril 2020) - Richard Lizurey - p. 29-34
L’engagement, c’est la volonté de servir et participer collectivement à une mission. L’engagement militaire en est une forme particulière de dévouement vis-à-vis de la nation. Celle-ci doit alors le reconnaître et le valoriser. Cela exige également de donner du sens à la mission ; c’est alors la responsabilité du chef.
Pour être un chef, confronté au choix
En trois volets emboîtés, l’auteur expose ce qui caractérise le chef militaire : l’action, la pensée et les hommes. Ce faisant, il emprunte les voies de la stratégie, de la tactique et de la sociologie en mettant l’accent sur le courage qui est exigé de tout chef militaire.
Dans l’armée, l’approche du risque est bien souvent intuitive et liée au caractère du chef. Pourtant, le monde anglo-saxon a développé avec succès le Risk Management, décortiquant les mécanismes de la prise de décision. Adopter une culture du risque, c’est connaître et assumer les risques pris.
L’IA est un outil au potentiel en croissance rapide. Elle peut et doit pouvoir contribuer à la décision mais ne remplacera par le choix fait par le chef, à condition que celui-ci en maîtrise les ressorts et qu’il fasse preuve de caractère dans le processus décisionnel. Le chef devra toujours choisir de décider.
Dans un nouveau de conflictualité : le cyberespace
En proposant un mode d’organisation de la pensée stratégique actuelle et le rôle qu’y joue la surprise, en intégrant la cybernétique dans les rapports de force, l’auteur aborde les questions de phénoménologie de la guerre sous un angle neuf et montre l’importance du cyberespace comme révélateur stratégique décisif.
Le risque cyber est une réalité, se déclinant en de multiples manières de déstabiliser des entités diverses. Toutefois, si le pouvoir de nuisance est effectif, le cyber ne peut pas être comparé à la puissance destructrice de l’atome. Il convient donc de ne pas mélanger les concepts et de ne pas faire du cyber une arme de dissuasion.
La cyberguerre n’est pas virtuelle, elle est bien réelle et concerne tous les secteurs d’activité, pouvant mettre à mal notre souveraineté. Elle est une priorité clairement affirmée par la France qui y consacre des moyens conséquents et continuera à y investir afin de préserver une supériorité numérique pour agir en toute liberté.
Dans un monde bousculé par la crise sanitaire
La crise de la Covid-19 a un impact dans l’espace méditerranéen, avec une fragilisation des pays de la rive nord, tandis que le Sud reste moins vulnérable, mais connaît des frustrations. Le repli des puissances traditionnelles a ouvert un champ à la Chine ou à la Turquie. L’Europe doit intensifier le dialogue pour ne pas se faire déborder.
La pandémie actuelle doit faire réfléchir à la menace NRBC dont les risques biologiques. Il serait judicieux d’anticiper ce type de danger et de se doter des moyens pour éviter de se trouver sans ressources pour se protéger. Cet effort doit se faire dans une coopération internationale, car il y va de la santé de la population.
La Covid-19 a été le révélateur et l’accélérateur des fractures du monde, démontrant nos faiblesses et nos limites dans un environnement géopolitique chargé de menaces. Il est urgent de restaurer notre souveraineté aux niveaux national et européen pour rester maîtres de notre destin collectif et ainsi préserver nos libertés chèrement acquises.
Combattre la pandémie de la Covid-19 ne doit pas se limiter à la recherche du vaccin, futur jackpot financier, mais également s’obliger à comprendre les mécanismes de transmissions des espèces animales, dont la chauve-souris vers l’espèce humaine. Cette recherche est indispensable si l’on veut affronter les épidémies de demain.
Dans un monde dont le centre de gravité se déplace vers l'espace Indo-Pacifique
Pékin s’est doté d’une stratégie d’influence pour affirmer sa puissance et relever les défis politiques, géostratégiques, économiques et sociaux. Face au risque réel d’un affrontement entre la Chine et les États-Unis, l’Europe se doit d’être plus proactive et proposer une nouvelle gouvernance des relations internationales.
Le mode de gouvernance de Donald Trump est brutal, mais reflète une réalité américaine qui a toujours prôné une forme d’isolationnisme. Les Européens doivent repenser leur avenir en faisant preuve de plus de pragmatisme et en innovant pour recréer une nouvelle base de discussions afin d’affronter les épreuves et défis de demain.