Sigem 2024 - L’officier au service de la Nation dans le monde du XXIe siècle
Depuis 2001, le Séminaire interarmées des grandes écoles militaires (Sigem) rassemble chaque année les élèves des grandes écoles militaires auxquels se joignent quelques étudiants de grandes écoles civiles.
Introduction - Yann Marbœuf - p. 5-7
Mondialisation et besoin de proximité, réseaux sociaux et solitude, société de consommation et quête de sens… Dans un monde qui a plus changé au cours des cent dernières années que pendant le dernier millénaire, quelles sont les raisons qui vous ont conduits à vous engager ? La défense de la Nation, de sa population, de son territoire constituait hier la principale motivation de vos aînés. Il y a encore quelques années, certains pouvaient la considérer désuète. Les attentats de 2015 et plus récemment l’invasion de l’Ukraine par la Russie sont malheureusement venus nous rappeler que la sécurité et la paix ne sont pas éternellement acquises. Lire la suite
Éditorial - Audrey Hérisson - p. 8-10
Les Cahiers du Sigem proposent traditionnellement une sélection d’articles pour vous aider, vous jeunes officiers amenés à servir la Nation, à réfléchir, individuellement et collectivement, à la fois sur votre engagement en tant que futur chef, et sur l’état du monde dans lequel vous allez être amenés à exercer votre vocation militaire. Il s’agit de mieux se connaître soi-même et de mieux connaître son environnement, afin de pouvoir être prêts à accomplir les missions exigeantes qui vous seront confiées. Lire la suite
S’engager au service de la Nation
Dans la planification et la conduite d’une opération, le partage des responsabilités entre militaires et diplomates doit être clairement défini avec la recherche d’une efficacité opérationnelle crédible. Artémis, en République démocratique du Congo, a été réussie car la synergie entre militaires et civils a bien fonctionné.
C'est une chose bien étonnante que celle du dernier sacrifice. Quelle est cette force mystérieuse qui fait que l’homme accepte de donner gratuitement sa vie ? Surtout si l’on considère que la vie est le bien le plus précieux puisque, en la perdant, on perd tout le reste.
L’engagement (RDN n° 829 - avril 2020) - Richard Lizurey - p. 24-29
L’engagement, c’est la volonté de servir et participer collectivement à une mission. L’engagement militaire en est une forme particulière de dévouement vis-à-vis de la nation. Celle-ci doit alors le reconnaître et le valoriser. Cela exige également de donner du sens à la mission ; c’est alors la responsabilité du chef.
La guerre transforme le combattant et ceux qui y sont confrontés plus ou moins directement. L’impact psychologique est loin d’être négligeable et s’inscrit dans la durée avec des réactions individuelles contrastées. Aujourd’hui encore, les combats de nos soldats peuvent provoquer des troubles comme l’ennui après…
Être un chef au XXIe siècle
La force morale est indispensable au combat et doit se cultiver bien en amont. Cela n’exclut pas de prendre en compte le moral des équipages et des unités dans leur quotidien, sachant que celui-ci dépend également du moral individuel. Dans tous les cas, les deux – bien que de registre différent – sont indispensables.
Le déploiement de systèmes robotisés semi-autonomes semble inéluctable de par les avantages qu’ils offriront sur le champ de bataille. Pour accompagner cette évolution, il impose en revanche une formation poussée et anthropocentrée du chef militaire à une nouvelle éthique de responsabilité.
Commander exige des chefs capables de discerner, comprendre puis décider. Cela n’est pas si simple et oblige à beaucoup d’abnégation et d’humilité pour celui qui aspire à être un chef. Les défis de demain imposeront toujours de grands chefs prenant leurs responsabilités.
L’Afrique et la France : quel avenir ?
Le sentiment anti-français s’est développé au même titre que celui anti-occidental. Mais avec plus de force, voire de haine pour de multiples raisons, avec des responsabilités partagées. Le manque de prise en compte des aspirations de la jeunesse alimente le rejet de la France dont le modèle n’apparaît plus comme attractif.
La France a connu plusieurs échecs en Afrique. Il faut en tirer les leçons en travaillant différemment pour restaurer une confiance aujourd’hui fragilisée. Sans laisser la place par naïveté à une Russie agressive dont les milices pillent sans vergogne les ressources du Mali et de la Centrafrique.
Le temps de la Françafrique est révolu. Cependant, cela ne doit pas signifier un retrait mais une refondation de la relation, acceptant la reconnaissance du contentieux et une véritable ouverture sur les peuples et leurs aspirations dans un vrai respect mutuel.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont désormais gouvernés par des juntes militaires remettant en cause les relations notamment avec la France. Le repli sur soi de ces trois États ne se traduit pas par des succès sécuritaires. Bien au contraire, la situation s’est dégradée et ce n’est pas l’Alliance des États du Sahel conclue entre les putschistes qui résoudra la crise actuelle.
Dans un nouveau champ de conflictualité : l’Espace
Dans un contexte d’un dynamisme technologique sans précédent, nos intérêts dans le domaine spatial sont confrontés à de nouveaux risques et des menaces naissantes. Le ministère des Armées les a pris en compte avec la Stratégie spatiale de défense (2019). Il a créé le Commandement de l’Espace (CDE), dont la montée en puissance aboutira à une première capacité opérationnelle à Toulouse en 2025 pour couvrir l’ensemble des opérations spatiales militaires.
La compétition dans l’espace extra-atmosphérique est une réalité depuis le 4 octobre 1957 et Spoutnik. Depuis, de nombreuses normes en ont organisé l’usage mais avec le développement de New Space, celles-ci pourraient être questionnées. La nouvelle course vers la Lune pourrait voir une réinterprétation du principe de non-appropriation.
Mise en orbite de constellation de plusieurs milliers de satellites, privatisation de l’accès à l’Espace et concurrence sur les lanceurs, pollution spatiale, développement de service « in-space », tourisme, exploration spatiale et extraction de ressources sont autant d’évolutions auxquelles la France doit s’adapter pour continuer à avoir la « maîtrise de l’Espace ». Ces missions nouvelles entraînent un besoin de coordination interministérielle accru et des attributions nouvelles pour organiser l’action de l’État dans l’Espace.
L’espace extra-atmosphérique n’a pas attendu le conflit en Ukraine pour être inclus dans le champ de bataille. Ainsi, dans les mois qui suivent le 24 février 2022, deux coalitions spatiales, mêlant moyens publics et privés, se font peu à peu face, faisant de ce milieu contesté un potentiel théâtre d’affrontements.