Le plan de modernisation Cap 2016 vise à améliorer la synergie des acteurs du Maintien en condition opérationnelle aéronautique en y développant l'expertise, en recherchant des marges de manœuvre pour garantir l'activité des forces, en modernisant les outils, et enfin en optimisant l'organisation de la Simmad dans le respect des objectifs du ministère.
Les enjeux du MCO aéronautique : un défi à relever
Le Maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques de la défense (MCO aéronautique) a pour finalité de permettre aux forces aériennes de réaliser l’activité qui leur est nécessaire, pour toutes les missions qui leur sont confiées comme pour leur préparation opérationnelle. C’est un enjeu, tant pour le ministère de la Défense qui fait de l’activité des forces un axe majeur d’effort pour les années à venir. L’État consacre un budget annuel d’environ 2,5 Md€ pour assurer l’entretien et la réparation des matériels aéronautiques du ministère de la Défense.
Le Chef d’état-major des armées délègue au Chef d’état-major de l’Armée de l’air la maîtrise d’ouvrage de cette fonction au profit des forces aériennes des trois armées, mais aussi de la Direction générale de l’armement (DGA), de la Gendarmerie, de la Sécurité civile et des Douanes, ce qui représente un parc de 1 300 aéronefs de 46 types différents. Cette activité permet de générer environ 315 000 heures de vol annuelles en coordonnant des activités techniques logistiques et contractuelles et en s’appuyant sur la maîtrise d’œuvre opérationnelle assurée par les forces et la maîtrise industrielle que constituent le Service industriel aéronautique (SIAé) de l’État et les industriels privés qu’ils soient concepteurs, réparateurs ou assembleurs.
À titre d’illustration, les figures suivantes présentent les paiements effectués sur l’année 2014.
Fig.1 : Répartition secteur industriel / étatique. Fig. 2 : Répartition par industriel
Pour assurer cette mission, l’État s’appuie sur une maîtrise d’ouvrage déléguée unique, la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques de la Défense (Simmad). Depuis sa création, malgré des contraintes financières soutenues, malgré des défis techniques réguliers, malgré un tissu industriel en constante mutation, malgré des conditions d’emploi opérationnel des matériels de plus en plus exigeantes, cette structure a su générer l’activité aérienne nécessaire pour maintenir l’aviation française au bon niveau opérationnel, et permettre aux armées de conduire avec succès leurs nombreuses opérations aériennes permanentes ou ponctuelles.
Comme inscrit dans la Loi de programmation militaire, le ministère de la Défense a fait de l’activité opérationnelle un objectif prioritaire. Ainsi, un effort financier important est programmé dans ce domaine. Pour que le MCO aéronautique permette d’atteindre les niveaux d’activité requis avec les ressources prévues, un plan de modernisation global, appelé « Cap 2016 », est d’ores et déjà mis en œuvre. Il aborde de nombreux axes de progrès : la gouvernance, les partenariats, les organisations, les ressources humaines, les processus techniques et financiers. Il s’articule autour des thèmes suivants :
• Le MCO aéronautique relève d’une mission globale, qui présente de multiples facettes mais reste toujours d’essence opérationnelle dont la gouvernance s’appuie désormais plus efficacement sur un référent du milieu : le Chef d’état-major de l’Armée de l’air.
• La Simmad renforce son efficience dans les trois principaux métiers indissociables qui structurent son activité : la technique, la logistique et la contractualisation, en s’appuyant sur des méthodes et des outils modernisés.
l• Afin d’améliorer la maîtrise du coût d’utilisation d’un matériel tout au long de son cycle de vie, il convient d’organiser et de fluidifier la coordination entre tous les partenaires, Simmad, DGA, acteurs des Forces, industries. Le rapprochement entre le monde opérationnel et le monde industriel doit ainsi tirer le meilleur parti de la récente localisation du pôle production de la Simmad en Aquitaine, au contact du commandement des forces aériennes de l’Armée de l’air et au cœur d’une région à la vocation aéronautique reconnue.
De façon plus concrète, le plan de modernisation « Cap 2016 » vise à améliorer la synergie des acteurs du MCO aéronautique selon quatre axes de progrès :
• Développer l’expertise du MCO aéronautique afin d’optimiser les processus du MCO pour :
– Donner de la perspective à l’outil industriel étatique en anticipant le plan de charge du SIAé sur la période de programmation militaire ou a minima sur une période de 5 ans (par le biais d’un groupe de travail permanent de la maintenance étatique).
– Optimiser les plans de maturité des matériels nouveaux en cours de déploiement par de meilleures synergies entre l’État et l’industrie par la création de plateaux collaboratifs « État-industrie » (Rafale, Tigre, NH-90, A400M, MRTT).
– Développer l’expertise par la mise en place d’un collège d’experts autour du noyau des responsables du soutien en service (RSS) pour conduire des études sur les thèmes critiques de l’entretien programmé des matériels. Ainsi, en 2014, ce collège a lancé les études visant à la réduction des taux de pannes non reproduites, à l’optimisation des plans d’entretien des flottes et à la pérennité du soutien des flottes anciennes.
– Réaliser, en liaison avec le collège des RSS, des études prospectives au profit du MCO aéronautique. Il s’agit d’utiliser le processus d’étude du ministère (Étude technico-opérationnelle ou ETO, Opération d’évaluation réactive ou OER, études amont) pour évaluer les concepts et processus, et valider l’apport des nouvelles technologies au profit du MCO.
• Rechercher des marges de manœuvre pour garantir l’activité des forces :
– Renégocier des contrats en cours afin de s’assurer de leur cohérence avec l’activité des forces sur la période de programmation. Ainsi en 2013, ont été revus les minima contractuels des programmes Rafale Care, Mirage 2000 Care, Tigre, ORRMA (Optimisation du réapprovisionnement des rechanges des matériels aéronautiques). Ces travaux ont été poursuivis en 2014 sur les ordres de service associés aux tranches conditionnelles des contrats en cours.
– Tenir un référentiel commun grâce au Dossier de justification du besoin (DJB) et des fiches de justification du besoin détaillées par flotte.
– Recourir aux enquêtes de coût et identifier un plan glissant à trois ans des besoins d’enquête au profit du renouvellement des contrats majeurs afin d’optimiser le plan de charge du bureau d’enquêtes de coûts de la DGA.
– Développer l’ingénierie contractuelle.
– Entretenir le modèle de coût Simmad dans le cadre de la poursuite de la mission de modernisation du MCO aéronautique (MMAé).
• Moderniser les outils :
– Rationaliser les systèmes d’information du milieu aéronautique qui s’appuie sur le déploiement d’ici 2016 du système d’information COMP@S associé à ATAMS. Ces outils permettent l’interarmisation du MCO aéronautique grâce à la mise en commun des référentiels et des procédures.
– Mettre en place une Gestion prévisionnelle des emplois, des effectifs et des compétences (GPEEC) qui favorisera une gestion optimisée des compétences critiques avec les directions des ressources humaines et servira d’appui à l’étude potentielle de parcours croisés notamment dans la fonction « achat ».
• Optimiser l’organisation de la Simmad dans le respect des objectifs du ministère. Il s’agit plus particulièrement de :
– Rationaliser la fonction technique : héritière des fonctions techniques des trois armées à l’été 2013, la mise en place des bonnes pratiques ouvre l’opportunité d’une rationalisation des Équipes d’expertise technique (EET) selon une approche de maturité des flottes.
– Réorganiser la fonction logistique dans le cadre des travaux du projet « supply chain » mené par l’EMA.
– Améliorer la lisibilité de l’organisation de la Simmad en réduisant le nombre de flottes et en identifiant des officiers correspondants sur les liaisons fonctionnelles majeures (officiers correspondants d’état-major).
– Améliorer le pilotage interne de la Simmad en optimisant sa gouvernance entre ses deux pôles par une meilleure continuité des fonctions essentielles (cohérence physico-financière à tous les niveaux de la Simmad par l’introduction de financiers dans les flottes), création du C5 (comité de pilotage restreint directeur, directeurs adjoints et colonels adjoints), mise en place d’outils de maîtrise de l’information (GEC/GED) et développement d’une communication interne et externe par la réalisation d’une lettre d’information.
Ce plan renforcera la position de la Simmad en tant qu’intégrateur du MCO aéronautique dans le cadre de synergies renforcées avec l’état-major des armées, les états-majors, la DGA et le SIAé.
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Le MCO aéronautique permet de générer l’activité nécessaire et suffisante pour les opérations permanentes ou extérieures et pour l’entraînement des forces aériennes, au bon moment, au bon endroit et sous la forme adéquate. Cette activité doit être générée dans l’enveloppe financière prévue à cet effet par la loi de programmation militaire. Cela implique de dégager des marges de manœuvre au plus tôt et de façon pérenne.
Dans une dynamique de partenariats au service d’un objectif opérationnel ambitieux, ce défi sera relevé en valorisant les acquis importants de la Simmad et en rassemblant tous les partenaires autour d’une vision d’avenir commune qui respecte les principes de :
– simplicité (dans la gouvernance et le pilotage),
– réactivité (l’essence de l’action aérienne),
– cohérence (en exploitant la logique de milieu),
– partenariat (entre Forces, Simmad, DGA, monde industriel),
– optimisation de la performance (pour dégager les marges de manœuvre). ♦