L’auteur propose une analyse des divers discours tenus sur le nucléaire, depuis les années de guerre froide en passant par l’époque post-Tchernobyl, jusqu’aux plaidoyers des années 2000, qui n’hésitent pas à invoquer les risques climatiques que l’exploitation des hydrocarbures ferait encourir à notre planète pour présenter le nucléaire civil comme une énergie « verte », voire potentiellement quasi-renouvelable, en anticipant sur les techniques de surgénération qui permettraient un recyclage important du combustible. Si le discours des lobbies nucléaires semble depuis peu mieux prendre en compte la contrainte écologique et adopter un profil plus modeste, il s’accompagne souvent d’un dénigrement latent de la pensée écologique (« malthusienne » et « technophobe ») et d’un optimisme géologique, politique et technoscientifique reposant sur des bases en réalité bien fragiles (conditionnement et transmutation des déchets, fermeture du cycle, épuisement des ressources exploitables à bas coût financier ou en CO2, sous-évaluation des risques de prolifération).