Paul Villatoux (sous la dir.) : La Brigade de renseignement (préface du chef d’état-major de l’Armée de terre) ; Éditions Prividef, 2014 ; 220 pages.
Ce très beau livre anniversaire dresse le bilan de vingt années d’engagements opérationnels de la Brigade de renseignement (la BR), depuis sa création. L’auteur, Paul Villatoux est docteur en histoire. Son travail compte parmi les plus rigoureux de l’historiographie militaire française. L’appui du général Frédéric Hingray, commandant de la brigade, a été déterminant pour cette réalisation qui nous faire découvrir une unité des plus discrète de l’Armée de terre à travers l’ensemble des métiers du renseignement d’intérêt militaire, sa doctrine, ses armes, ses matériels.
À l’origine de la création de la BR, le 1er septembre 1993, il y eut la décision de Pierre Joxe, ministre de la Défense, sur la base des enseignements de la guerre du golfe de 1991. Par ses capacités nouvelles, elle est totalement en phase avec les modes d’engagement nouveaux des armées dans le contexte incertain du monde post-guerre froide. La création de la BR souligne donc la pertinence des choix politiques du moment, puisque l’unité a été engagée dans tous les théâtres de crise, avec des résultats déterminants. Dès lors, la BR porte dans l’armée française la révolution dans les affaires militaires qui s’annonce, celle de l’information. La manœuvre multi-capteurs est au cœur de sa doctrine d’emploi, sujet qui fait l’objet d’un chapitre à lui seul. La colonne vertébrale est de fait restée la même : deux régiments de transmissions spécialisés en renseignement de guerre électronique (les 44e et 54e RT), le 2e Régiment de Hussards (renseignement humain) et le 61e Régiment d’artillerie (drones de reconnaissance et imagerie). Après le retrait de son ordre de bataille de l’escadrille d’hélicoptères de reconnaissance (Cougar radar Horizon), la BR récupère le Groupe géographique.
Le choix des illustrations, certaines inédites, nous emmène au plus près de l’opérationnel et des matériels high-tech mis en œuvre par cette grande unité interarmes qui innove par l’intensité technologique de ses matériels : les drones tactiques de reconnaissance, les systèmes de guerre électronique, l’optronique et l’informatique pour le renseignement humain, la géographie militaire. Au hasard des 240 pages, on découvrira par exemple le tout nouveau VAB Catiz dédié à la surveillance électronique de proximité. L’ensemble ne pourrait fonctionner sans l’intégration de nouveaux systèmes numérisés du champ de bataille (commandement, télécommunications), des outils valorisés par le savoir-faire du personnel dont l’engagement s’inscrit dans une longue tradition.
Autre message de ce livre : la BR est un outil cohérent au service du processus de décision et de l’action des forces, avec une stratégie, celle de penser effets et capacités. On appréciera à l’occasion de ce livre « événement », l’effort de l’Armée de terre consistant à mettre en valeur des métiers, qui par définition, opèrent dans la discrétion. Il est vrai aussi que l’action de renseignement nourrit l’ensemble des fonctions stratégiques d’une politique de défense souveraine : connaissance, anticipation, dissuasion, intervention et protection. ♦