Union française - La situation en Algérie - Constitution d'un gouvernement marocain - Réformes administratives - L'opposition Bourguiba-Ben Youssef - Nouvel accord franco-tunisien sur la police - Le Vietnam quitte la zone franc - La politique extérieure du Cambodge
Afrique du Nord
Algérie
À la veille de l’année nouvelle, attaques, embuscades et attentats ont continué à se succéder sans qu’on puisse à aucun moment noter une accalmie ou une amélioration de la situation. Le 4 décembre 1955 de violents incidents se produisaient à Lamy, dans le département de Bône, et se soldaient par quarante morts et plusieurs dizaines de blessés parmi la population musulmane. Dans l’Oranie, les rebelles ont poursuivi leurs efforts pour tenter de constituer un front unique avec les fractions de tribus soulevées du Rif.
Étant donné la gravité de la situation et la permanence des troubles, le Gouvernement a poursuivi l’envoi de renforts conformément au plan qui avait été établi en octobre. À la suite de la dissolution de la Chambre des députés qui a entraîné l’abrogation automatique de l’état de siège, un décret en date du 5 décembre 1955 a chargé le Gouverneur général, Jacques Soustelle, de prendre les mesures imposées par les circonstances exceptionnelles pour le maintien de l’ordre, la sauvegarde des personnes et des biens et le maintien de l’intégrité du territoire.
Ces mêmes circonstances ont amené l’Assemblée algérienne à demander au Gouvernement d’ajourner les élections. Après de sérieuses hésitations, motivées en particulier par la nécessité de respecter la Constitution, le gouvernement français a décidé le 13 décembre 1955 d’ajourner les élections en Algérie, tout en marquant son espoir de les voir prendre place le plus rapidement possible.
Maroc
Si Bekkaï a présenté le 7 décembre 1955 au Sultan le premier gouvernement marocain qui comprend 6 indépendants, dont le chef du gouvernement, 6 membres du Parti démocratique de l’indépendance, et 9 membres de l’Istiqlal. Un nouveau pas dans le sens de l’organisation politico-administrative marocaine a été fait par le Sultan qui a désigné 14 « Outnal », nouveaux chefs de région marocains chargés en particulier de superviser la gestion des pachas et caïds ; ces fonctionnaires supérieurs ont été désignés pour le plus grand nombre parmi d’anciens officiers de l’armée marocaine.
Poursuivant son action, le Sultan a signé un dahir d’amnistie des condamnés politiques et a, par une lettre au président de la République française René Coty, demandé l’ouverture rapide de négociations.
Dans le domaine militaire, on a noté à la fin du mois quelques attaques menées par les rebelles du Rif. Les forces françaises ont lancé le 31 une opération d’envergure dans le même secteur à la suite de laquelle ont été enregistrées de nombreuses redditions de fractions de tribus favorables aux rebelles.
Tunisie
La tension subsiste entre partisans de Bourguiba et partisans de Salah Ben Youssef, et de sanglantes bagarres ont eu lieu en divers points du pays.
M. Bourguiba a affirmé de nouveau dans le journal Al Amaal, organe du Néo-Destour, la nécessité pour la Tunisie de constituer une armée. Cette volonté pourrait, aboutir à remettre en cause une partie des conventions franco-tunisiennes. Le gouvernement français, faisant preuve de bon vouloir et de compréhension a accepté de hâter les étapes prévues en ce qui concerne la police intérieure : un nouvel accord en date du 8 décembre 1955 accroît les moyens de police rais à la disposition du gouvernement tunisien.
Indochine
Vietnam
Le gouvernement de M. Diem a accepté de proroger jusqu’au 28 février 1956 le tarif préférentiel en faveur des importations françaises. Mais l’abandon par le Sud-Vietnam de la zone franc deviendra néanmoins effectif dès le 1er janvier 1956 ; une bourse des devises s’ouvrira à cette date à Saïgon.
Cambodge
Un traité d’amitié nippo-cambodgien a été signé le 2 janvier 1956. Le prince Sihanouk s’est prononcé dans une interview pour un Commonwealth franco-cambodgien. ♦