Maritime - L'affaire de Suez - Dans la Marine française : l'avenir des constructions, opérations en Afrique du Nord - L'activité maritime internationale
Bien que les gouvernements de France et de Grande-Bretagne eussent subi, le 13 octobre 1956, un demi-échec au Conseil de sécurité (en raison du veto mis par l’URSS à la reconnaissance des droits de l’Association des usagers du canal), l’opinion mondiale s’accrochait à l’espoir de voir la diplomatie imaginer, tant bien que mal, un compromis entre des positions en apparence inconciliables. Brusquement, l’offensive déclenchée par Israël le 29 octobre 1956 dans la presqu’île du Sinaï a transporté l’affaire de Suez du terrain de la négociation sur celui des opérations militaires : dès le 30, Français et Britanniques ont sommé les deux belligérants de cesser immédiatement les hostilités et de retirer leurs troupes à une distance de 16 kilomètres de part et d’autre du canal ; ils ont prévenu l’Égypte que, pour garantir la sécurité de la navigation, ils comptaient occuper eux-mêmes temporairement Port-Saïd, Ismaïlia et Suez. Le gouvernement du colonel Nasser ayant rejeté cet ultimatum le 31, tandis qu’Israël en acceptait le principe, des opérations aériennes et navales franco-britanniques ont commencé aussitôt contre les forces armées égyptiennes.
Les événements auraient sans doute pris une autre tournure si, comme Londres et Paris l’ont observé pour justifier leur intervention, l’Égypte avait témoigné, en accord avec la majorité du Conseil (9 voix contre 2), le désir sincère d’une collaboration effective avec les usagers du canal. Mais elle a atermoyé ; elle a, d’autre part, administré la preuve qu’elle était un des principaux agents de la contrebande maritime des armes à destination de l’Algérie (affaire de l’Athos, dont nous reparlerons) ; elle n’a donné aucune garantie à Israël quant au libre transit de ses navires à travers le canal.
Quoi qu’il en soit, les Franco-Britanniques ont entrepris, dès le 31, de neutraliser l’aviation et les aérodromes de l’Égypte, phase préliminaire indispensable au succès d’opérations aéroportées et de débarquement. L’Aéronavale a pris sa part de cette intervention, bien qu’aucune précision officielle n’ait été fournie concernant le nombre et les noms des porte-avions engagés : il a été publié seulement que l’aviation embarquée française a incendié dans la soirée du 1er novembre, devant Alexandrie, un destroyer d’origine russe livré il y a quelques mois à l’Égypte (type Skory, de 2 600 tonnes). En même temps, les forces navales franco-britanniques et israéliennes ont infligé des pertes sévères à la marine égyptienne : le 31 octobre, le croiseur Newfoundland a coulé, dans le golfe de Suez, la frégate Domiat de 1 370 t, au moment, a-t-on dit, où ce bâtiment s’apprêtait à mouiller des mines. Le 31 également, dans la matinée, la frégate égyptienne Ibrahim El Ewal, qui venait de bombarder sans succès le port de Haïfa, a été amarinée après une faible résistance par des unités légères israéliennes.
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