Union française - Les évènements d'Algérie - La situation au Maroc - Les relations franco-tunisiennes - Nouvelles d'Afrique noire - L'organisation commune du Sahara
Afrique du Nord
Algérie
Le rythme des attentats s’est maintenu en Algérie durant le mois de janvier. Pour parer en particulier au développement du terrorisme à Alger, le général Massu, responsable du maintien de l’ordre dans cette ville, a procédé le 8 à une vaste opération de contrôle dans la Casbah. Sur le plan militaire, les opérations de poursuite des rebelles ont repris en janvier, tandis que continuaient les accrochages et les embuscades.
Deux événements ont suscité une vive émotion en Algérie : la sanction infligée au général Faure, adjoint au commandant d’Alger, à qui il était reproché d’entretenir des rapports avec les milieux extrémistes européens ; d’autre part, l’attentat manqué contre le général Salan, à l’aide d’une fusée antichar, dont l’auteur s’est révélé être un Européen de tendance « ultra ».
L’attention publique s’est déplacée au cours de ce mois du plan interne algérien au plan international. Le prochain débat sur l’affaire algérienne à l’Organisation des Nations unies constitue en effet, de l’avis des observateurs français à l’étranger, une étape cruciale dans l’évolution de la crise. Le Front de libération national (FLN) algérien a pris les devants en déposant devant la Commission politique de l’ONU un mémorandum demandant que cette institution garantisse des négociations avec la France sur la base du droit de l’Algérie à l’indépendance : l’internationalisation du problème y est donc réclamée.
Le gouvernement français, de son côté, a publié le 10 janvier 1957 une déclaration qui esquisse le futur statut de l’Algérie, en posant un certain nombre de principes :
– égalité des droits des deux communautés ;
– élections au suffrage unique ;
– large autonomie de gestion ;
– liens indissolubles avec la France ;
– incompétence de l’ONU pour discuter de l’affaire algérienne.
M. Guy Mollet a invité tous les leaders politiques des partis nationaux à approuver les principes de base de cette déclaration, afin de renforcer la position de la France devant l’organisation internationale. D’autre part le chef du gouvernement français a multiplié les contacts diplomatiques avec les représentants étrangers afin d’exposer les réalisations accomplies par la France en Algérie et de persuader ses interlocuteurs du bien-fondé de la position française.
Le FLN a déclenché, le 28 janvier 1957, une grève générale en Algérie et dans la métropole ; assez diversement suivi, ce mouvement qui devait, dans l’esprit de ses promoteurs, attester aux yeux de l’ONU l’unanimité des Algériens derrière le FLN a perdu de son efficacité en raison du report au 4 février 1957 du débat algérien devant l’Assemblée internationale. Sans qu’il soit possible de parler d’un échec du FLN, il est à noter que les mesures de sécurité qui ont été prises, aussi bien en métropole qu’en Algérie, ont évité tout incident, et ont ôté à la grève une bonne partie du caractère spectaculaire qu’entendaient lui donner ses inspirateurs.
Maroc
Partant en croisière en Méditerranée, le 17 janvier 1957, le sultan a délégué ses pouvoirs, à l’exception du sceau, au prince Moulay Hassan. Dès le 20, le prince avait à faire face à un mouvement de rébellion du gouverneur berbère du Tafilalet, Abdi Ou Bihi, qui s’insurgeait contre l’influence de l’Istiqlal et prétendait ne vouloir reconnaître que l’autorité du sultan et de son fils. Les troupes royales se dirigèrent sur Midelt, et on put un moment craindre des événements graves. Finalement les troupes du gouverneur rebelle l’abandonnèrent, et Abdi Ou Bihi fit, lui aussi, sa soumission.
La Convention franco-marocaine de coopération administrative et technique a été signée le 17 janvier 1957. À la suite d’une entrevue qui a eu lieu à Cannes le 20 entre M. Maurice Faure, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, et le Sultan, les pourparlers franco-marocains ont été officiellement repris à Paris.
Tunisie
À l’occasion du séjour de M. Ben Halim, président du Conseil libyen, en Tunisie, M. Bourguiba a déclaré le 3 janvier 1957 devant l’Assemblée tunisienne : « En attendant la libération de l’Algérie, la visite de M. Ben Halim est une étape vers l’unification de l’Afrique du Nord de Sollum à Casablanca ». Au moment où M. Maurice Faure s’apprêtait à se rendre à Tunis, M. Bourguiba prononçait à Kairouan une violente diatribe contre la politique française en Algérie ; le voyage du ministre français a été ajourné et M. Louis Perillier s’est rendu à Tunis dans le courant de janvier pour préparer les conditions d’une nouvelle visite.
Afrique noire
À l’Assemblée générale des Nations unies, la France et les représentants de la République autonome du Togo ont accepté qu’une mission d’information se rende sur place pour constater la réalité et l’étendue du régime d’autonomie récemment institué. La fin de la tutelle se trouve donc renvoyée à la décision de l’Assemblée générale des Nations unies qui se tiendra fin 1957.
Le 20 janvier 1957, les principales centrales syndicales d’Afrique noire, réunies à Cotonou [NDLR 2023 : Dahomey, futur Bénin], décidaient de créer une Union générale des travailleurs d’Afrique noire, indépendante des centrales métropolitaines et internationales.
Sahara
Le projet d’organisation du Sahara a été finalement adopté par le Parlement le 29 décembre 1956. Sa zone d’extension comprend, outre les territoires du Sud Algérien, les parties sahariennes des territoires du Soudan, du Niger et du Tchad. Son but est d’améliorer le niveau de vie et d’assurer la promotion sociale des populations, de préparer et coordonner les programmes d’études et de recherches, d’établir et de mettre en œuvre un plan d’infrastructure, et de susciter l’installation d’ensembles industriels (industries extractives et de transformation).
L’organisation commune des régions sahariennes comprend :
– une haute commission composée par moitié de représentants des populations et par moitié de représentants des Assemblées constitutionnelles de la République ;
– un délégué général ;
– un comité technique de direction.
Le délégué général est responsable de la défense et du maintien de l’ordre ; il est assisté par un officier général. ♦