Otan - Les forces britanniques en Europe - Les rapports Est-Ouest - Au Moyen-Orient - Dans les Commandements
Les forces britanniques en Europe
Le gouvernement de Londres a officiellement saisi, le 14 février 1957, ses partenaires de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) et de l’Otan d’un projet de remaniement du dispositif des forces britanniques stationnées en Europe continentale. Les difficultés économiques et financières que connaît actuellement le Royaume-Uni l’obligent à prévoir une réduction sensible de ses effectifs en Allemagne (BAOR) qui seraient ramenés de 80 000 à 50 000 hommes. Or, aux termes des Accords de Paris d’octobre 1954, l’Angleterre s’était engagée à maintenir sur le continent une force de quatre divisions ou une capacité de combat équivalente.
Le général Norstad, commandant suprême allié en Europe (SACEUR), a été appelé à fournir son avis devant le Conseil permanent de l’Otan siégeant à huis clos le 22 février.
Le Conseil des ministres de l’UEO a également été réuni à Londres le 26 février 1957 et a pris connaissance de l’opinion de SACEUR. L’article 6 du deuxième protocole des Accords de Paris fait, en effet, obligation à la Grande-Bretagne de ne pas retirer ses forces du continent contre le désir de la majorité des pays membres de l’UEO, sauf dans le cas d’une crise grave outre-mer ; le même texte l’autorise cependant à demander au Conseil de reconsidérer les conditions financières du maintien de ses forces sur le continent si ce maintien fait peser, à quelque moment que ce soit, une charge trop lourde sur ses finances extérieures. En fait, les répercussions politiques et militaires du projet britannique sur l’alliance occidentale n’ont pu encore être exactement mesurées, aussi n’y a-t-il pas eu vote à la réunion du 26, l’affaire devant être reprise à un prochain Conseil, et après nouvel examen de l’Otan. Les ministres des sept pays membres ont également procédé à un échange de vues sur le désarmement, la réunification allemande et leurs rapports avec la sécurité européenne et étudié les conditions d’une coopération plus étroite au sein de l’UEO.
Les rapports Est-Ouest
Au lendemain de la 6e session à Moscou du Soviet suprême et du remplacement inattendu du chef de la diplomatie soviétique, M. Chepilov par M. Gromyko, de nouvelles initiatives ont été prises par le Kremlin, qui ne paraissent pas d’ailleurs impliquer un changement d’orientation fondamental de la politique soviétique. Le 11 février 1957, un message du maréchal Boulganine au chancelier Adenauer s’efforce de prouver que le réarmement de l’Allemagne condamne la réunification du pays et renouvelle l’offre de ses bons offices pour que ce problème soit résolu par négociation entre Bonn et Pankow. Quelques jours plus tard, le 14 février 1957, des notes sont adressées à Londres, Paris et Washington contenant un projet de déclaration à quatre sur le maintien de la paix au Proche-Orient, l’application de la politique de non-ingérence et la renonciation à l’organisation des blocs militaires avec liquidation des bases extérieures et retrait des troupes stationnées hors des territoires nationaux. Les Quatre s’engageraient mutuellement à renoncer à la fourniture d’armes aux pays du Moyen-Orient et à assurer en commun le développement économique de ces pays.
On sait qu’une proposition antérieure de Moscou de faire siéger la prochaine commission de désarmement de l’ONU au niveau des ministres des Affaires étrangères a été repoussée par les trois Occidentaux.
Au Moyen-Orient
La situation reste dominée par le conflit israélo-égyptien. Une forte pression est exercée par le gouvernement de Washington sur Tel-Aviv pour obtenir le retrait des forces israéliennes de la zone de Gaza alors que le gouvernement Ben Gourion, appuyé par une opinion unanime, s’efforce d’obtenir des garanties réelles contre le harcèlement égyptien et la libre circulation de ses navires dans le golfe d’Akaba.
Diverses déclarations publiques en Jordanie comme en Syrie donnent à penser que les gouvernements arabes commencent à prendre conscience des dangers d’une pénétration du communisme dans leurs états.
Réunis au Caire autour du chef du gouvernement égyptien, les chefs des États d’Arabie saoudite, de Jordanie et de Syrie ont tenté d’adopter une position commune vis-à-vis de la « doctrine Eisenhower ». Les États-Unis avaient obtenu, au cours de la visite du roi Séoud à Washington, le renouvellement pour cinq ans de la location de la base de Dahran et conclu un accord pour la modernisation de l’armée saoudienne.
Dans les commandements
Ont été officiellement annoncées les nominations suivantes :
– Au SHAPE, le général de corps d’armée André Demetz prendra à la date du 1er avril 1957 les fonctions de chef d’état-major adjoint pour la logistique et l’administration en remplacement du général Brisac.
– À Centre-Europe, le commandement des forces terrestres sera assumé à la même date par le général Speidel qui sera remplacé à Bonn à la tête du département des Forces armées du ministère fédéral de la Défense par le lieutenant-général Heusinger.
Dans le commandement des forces navales alliées de l’Europe septentrionale, le vice-amiral Pedder succédera en juin à l’amiral Gerald V. Gladstone.
L’amiral Sir Guy Grantham, précédemment commandant en chef des forces alliées en Méditerranée, ayant été nommé par l’Amirauté britannique commandant de la Home Fleet prendra, en mai prochain, en remplacement de l’amiral Sir George Creasy, son nouveau poste à Portsmouth et assumera de ce fait le commandement allié de la Manche.
Une manœuvre interarmées Green Epoch destinée à étudier les possibilités de défense du Secteur Sud-Europe s’est déroulée du 13 au 15 février 1957 en Italie et dans les eaux avoisinantes. Un parti agresseur comprenait des unités de bombardement et de reconnaissance de la Royal Air Force (RAF) de Malte agissant en liaison avec des sous-marins français, turcs, britanniques et américains de la Méditerranée.
Des unités de la 6e Flotte US avec les porte-avions Forrestal et Lake Champlain, les croiseurs Boston et Salem participaient aux opérations. Les forces terrestres du commandement de Vérone appuyées par les avions de la 5e Force aérienne tactique (Fatac) alliée de Vicence assuraient la défense en liaison avec les unités navales de la 6e Flotte.
Le général Norstad, SACEUR, a fait une série de visites officielles dans les capitales de l’Otan : du 11 au 28 février 1957, il a été reçu successivement à Londres, Rome, La Haye, Bruxelles et Luxembourg.
Pendant son séjour à Rome, du 14 au 16 février 1957, il a été reçu en audience par le Pape Pie XII. ♦