Dans ce plaidoyer impitoyable pour l’actuelle dynamique de la construction européenne, c’est à un saut fédéral qu’appelle l’auteur, la seule option, selon elle, pour renouer avec le projet initial, mobiliser les citoyens et cimenter une ambition.
L’Europe restera-t-elle en panne ?
Will Europe remain broken down on the hard shoulder of progress?
In his earnest plea for continuance of European construction, the author calls for a positive move towards federalisation. He believes this to be the only way to bring the original project back on course, to mobilise European citizens and to achieve the aim.
Si l’on en croit le diagnostic de Jean Monnet, le moment est venu pour l’Europe de trouver la médication qui la délivrera des affres dont nous souffrons (1). Nos politiques ont oublié l’utopie des débuts de l’Europe ; ils sont aujourd’hui enfouis dans les problèmes monétaires. Mais au bord du précipice, ils ont commencé à prendre des décisions qui laissent penser qu’enfin ils savent qu’ils ne peuvent plus, cette fois, les repousser à demain.
La crise actuelle est, en fait, le révélateur de quinze années de lâcheté des gouvernements et de perte d’esprit de solidarité accompagnées d’une politique de l’autruche. Le processus de Lisbonne n’a pas tenu son rôle économique. La crise de 2008 a été sous-estimée (cf. le rapport Larosière) (2). On a fermé les yeux devant la dégradation de la situation grecque. Le Traité de Lisbonne n’est pas correctement mis en œuvre. On a pu constater dans le même temps une faille démocratique grandissante produisant une vraie crise de légitimité n’épargnant ni la Commission, ni le Conseil, ni même le Parlement européen malgré le renforcement de ses pouvoirs grâce au Traité de Lisbonne. La zone euro est devenue strictement financière, sans dimension ni économique ni sociale.
Aujourd’hui, l’Union européenne manque de stratégie. Les institutions ne fonctionnent pas. Les marchés ordonnent et les pays soi-disant souverains obéissent jusqu’à faire tomber les gouvernements. Quelle légitimité a le duo franco-allemand ? L’Europe s’est cantonnée au problème de l’euro et aux « disputailles » des États pour arriver à tirer leur épingle du jeu en concédant le moins possible à l’esprit communautaire et à la solidarité.
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